Le site est une ancienne carrière ouverte dans les calcaires de l'Oxfordien supérieur (ex-Séquanien). Les affleurements sont fortement gélifractés et instables (fig.3 et 4).

Figure 3 : Vue de l'affleurement

Figure 4 : Position stratigraphique de l'Oolithe de Lamothe (données chiffrées = âges en millions d'années - © BRGM).

Ces calcaires blancs montrent un belle variété de faciès de rampe interne de plateforme carbonatée. L'affleurement se répartit le long de deux fronts de taille se jouxtant le long du chemin qui borde la voie ferrée. L'épaisseur totale des bancs est de quatre à cinq mètres.

La série présente une succession verticale de faciès répartie dans des bancs stratifiés dont l'épaisseur peut varier de quelques décimètres à plus de 2 mètres.

On observe ainsi :

• des calcaires à granulométrie grossière à texture rudstone ou floatstone, comportant des grains à cortex sphériques de la taille des pisolites (= "oncoïdes") ainsi que de nombreux macrofossiles (nérinées principalement associées à quelques débris de coraux - fig.5, 6 et 8) ;
• des calcaires à ooïdes (= oolites) à texture packstone (fig.7) ;
• des calcaires micritiques crayeux à texture mudstone contenant des moules internes de bivalves de type "astartes" (fig.8 et 9).

Plusieurs répétitions de ces faciès sont observables sur le front de taille.

Le banc sommital est constitué d'un niveau calcaire crayeux bioturbé (0,5m).

Figure 5 : Calcaire grossier à oncoïdes

Figure 6 : Faciès à Nérinées

Figure 7 : Faciès oolithique

Figure 8 : Faciès à oncoïdes et faciès micritique à Astartes

Figure 9 : Calcaire micritique à astartes

Ces niveaux dominés par une sédimentation oolithique correspondent à la formation de l'Oolithe de Lamothe (ou la Mothe) d'âge Oxfordien supérieur terminal (fig.4). Dans la même formation, plus au sud, près de Joinville (52), Lathuillière et al. (2003) décrivent la présence de stratifications entrecroisées de mégarides tidales (i.e. soumises à l'influence des marées). De telles figures sédimentaires n'ont pas pu être observées sur le site de Cousances en raison du volume d'éboulis recouvrant le front de taille.

L'Oolithe de Lamothe est une formation ne dépassant pas 5 à 6 mètres d'épaisseur située sous le Calcaire à Astartes, épais d'une vingtaine de mètres. Cette série illustre un dernier épisode de sédimentation de plate-forme carbonatée qui marque la fin de l'Oxfordien dans l'est du Bassin Parisien. Les dépôts oolithiques coïncident avec un environnement soumis à l'action des vagues et des courants, de type shoal oolithique, marquant la limite distale de la rampe interne d'une plate-forme carbonatée. Les niveaux crayeux à astartes faisant suite aux niveaux oolithiques correspondraient aux drapages d'étale en zone intertidale (Lathuilière et al. 2003). Des faciès lagonaires (calcaires crayeux non visibles sur ce site) succèdent à l'Oolithe de Lamothe, traduisant une diminution de la profondeur pouvant aller jusqu'à l'émersion. Le sommet du Calcaire à Astartes est marqué par de nouveaux dépôts carbonatés de lagon auxquels succèdent des dépôts de plus en plus argileux. Ces dépôts soulignent un épisode transgressif aboutissant à l'ennoyage de la plate-forme à la toute fin de l'Oxfordien.

Les termes de sédimentologie utilisés dans ce texte sont expliqués dans l'annexe scientifique Roches et environnements sédimentaires de ce site.

Bilbliographie

LATHUILIERE B., CARPENTIER C., ANDRE G., DAGALLIER G., DURAND M., HANZO M., HUAULT V., HARMAND D., HIBSCH C., LE ROUX J., MALARTRE F., MARTIN-GARIN B. et NORI L. (2003) - Production carbonatée dans le Jurassique de Lorraine. 20-21-22 septembre; livret de terrain excursion - G2R/CG54/Groupe Français d'Etude du Jurassique.