La Côte de Meuse aux Éparges : 3. Description
Point de vue sur la plaine de la Woëvre et géomorphologie du paysage
La Crête des Éparges constitue la partie septentrionale d'une avant-côte orientée NO-SE, étalée sur 5 kilomètres, que la vallée du Longeau a détachée de la ligne de relief principale des Hauts de Meuse, située parallèlement, en arrière, plus à l'ouest (fig.3 et 5). Cet éperon en forme de croissant, long d'un kilomètre et demi et large de 350 mètres, culmine à 352 m (point "C" - monument du Coq) et domine de plus de 100 mètres la plaine de la Woëvre au-dessus de laquelle il s'avance en direction du levant. Plus au nord, formant l'extrémité de l'avant-côte, se dressent les deux buttes-témoins de la Côte des Hures et du Montgirmont (fig.3).
Fig.3: Vue sur l'éperon des Éparges depuis le village de Combres-sous-les-Côtes
La pointe orientale de l'éperon constitue le point "X", là où s'érigent le monument commémoratif et la sculpture "À ceux qui n'ont pas de tombe", rendant hommage aux soldats portés disparus sur le champ de bataille des Éparges lors de la Première Guerre mondiale. Depuis cet emplacement, se révèle un panorama sur la plaine de la Woëvre jusqu'au revers de la Côte de Moselle, formant la ligne d'horizon et que l'on devine au loin, vers l'est (fig.4). Une table d'orientation permet de repérer toutes les localités disséminées dans le paysage.
Situé au bord d'un chemin forestier longeant le versant sud de la crête, en contre-bas du point "X" (voir zoom fig.1), un autre point de vue donne vers le sud sur la Woëvre et la Côte de Meuse (fig.) Au point "X", cette dernière est presqu'entièrement masquée par la forêt.
Fig.4 : Panorama sur la plaine de la Woëvre vers l'est depuis le point "X"
Cette succession de plaines et de côtes caractérise le relief de côtes (ou cuestas) de la bordure orientale du Bassin Parisien.
D'un point de vue géologique (fig.5 et 6), le relief des Hauts de Meuse (= Côte de Meuse) est dû à une puissante assise rocheuse calcaire (120 m d'épaisseur), résistante à l'érosion (altitude dépassant les 400 m), correspondant aux formations de calcaires coralliens de l'Oxfordien (ex-Argovo-Rauracien du Jurassique supérieur) dont certains faciès ont été exploités en carrière dans la vallée de la Meuse (voir par ex. les fiches de Dompcevrin, Dugny, Euville, Lérouville, Mécrin ou encore celle de Dieue-sur-Meuse, située à une douzaine de kilomètres des Éparges). Ces calcaires récifaux reposent sur des terrains marno-calcaires de puissance variable, plus anciens mais toujours d'âge oxfordien, formant la base du front de côte ; à savoir, du plus récent au plus vieux : Marnes blanches des Éparges (15 m), Oolithe ferrugineuse (7 à 8 m) et Terrains à chailles (40 m environ).
Fig.5 : Localisation de la crête des Éparges sur une carte géologique en vue 3D (© IGN-Géoportail 2019) - cliquer sur l'image pour l'obtenir en 2D (extrait de la carte géologique de Vigneulles-lès-H.)
Le sous-sol de la plaine de la Woëvre, qui s'enfonce sous la côte, est constitué d'argilites ou de marnes de la formation des Argiles de la Woëvre (plus de 200 m d'épaisseur) dont l'âge marque la transition Callovien (Jurassique moyen) - Oxfordien (Jurassique supérieur). Ces argilites, souvent altérées en surface, offrent peu d'affleurements naturels : les quelques existants sont disposés le long des talus, plus ou moins enherbés, de la route départementale D904 reliant Fresnes-en-Woëvre et Beney-en-Woëvre.
Fig.6 : Position des terrains des Éparges dans la stratigraphie régionale (illustration © BRGM)
Affleurements et objets géologiques
Le sommet de la Crête des Éparges repose sur la formation des Marnes (blanches) des Éparges datée de l'Oxfordien moyen et épaisse d'une quinzaine de mètres ici. La route qui mène au point "X" emprunte la ligne de crête. De part et d'autre de la chaussée, formant un décor chaotique, se succèdent les profonds cratères d'entonnoirs de mines de la Grande Guerre qui impressionnent le visiteur. Les parois de ces gigantesques dépressions sont aujourd'hui engazonnées (fig.) et l'observation du sous-sol marneux de la butte n'est dorénavant guère possible sauf toutefois à l'emplacement de l'entonnoir, jouxtant au nord, le monument du Coq (point "C"). Là quelques plaques de marnes claires sont encore apparentes sous la lèvre orientale du cratère de mine (fig.7). Ces marnes affleurent également dans la montée vers le monument du Coq depuis le versant sud.
Fig.7 : Rares blocs et pointements rocheux dans les entonnoirs de mine. (Cliquer sur l'image pour agrandir)
Dans le secteur des entonnoirs proches du point "X", des blocs de roches, probablement projetés lors des formidables explosions de mines souterraines, demeurent éparpillés çà-et-là, mêlés à d'autres reliques métalliques des combats (barbelés, piquets...) auxquelles il convient d'être vigilant. Les objets géologiques sont principalement des échantillons pétrographiques et des fossiles provenant de l'Oolithe ferrugineuse, un calcaire brun à oolites ou pseudo-oolites (= pellets) ferrugineuses (fig.8) ou de calcaires gris siliceux des Terrains à chailles (fig.8). Ces formations sont situées sous les Marnes blanches et constituent la base de la butte des Éparges. Les coquilles de fossiles provenant des chailles oxfordiennes portent souvent des marques concentriques blanchâtres caractéristiques, correspondant à des silicifications secondaires.
Sur le sentier historique balisé du versant sud de la crête, situé entre l'ouvrage militaire "abri du Kronprinz" (un ancien poste d'infirmerie en fait - Czubak et Lejeune, 2014) et le point "X", un petit affleurement de chailles est encore observable (été 2019): on y voit une alternance de bancs de calcaire fossilifère rognonneux et de marnes altérées, sur deux mètres d'épaisseur environ.
Fig.8 : Échantillons pétrographiques provenant de pierres volantes ou de blocs épars récoltés dans les entonnoirs de mines (noter le fossile de bivalve - genre Gervillia - dans le calcaire siliceux) - cliquer sur l'image pour zoomer sur des oolites ferrugineuses et leur liant carbonaté
La Côte des Hures et le Montgirmont, deux sites proches de la Crête des Éparges, accessibles depuis la route D203 qui mène des Éparges à Trésauvaux (zoom fig.1 ou extrait de carte géologique), peuvent éventuellement être intéressants à visiter :
- en période de labours, deux champs, l'un situé au sommet du Montgirmont, l'autre à gauche du chemin gravissant, depuis la route D203, la pente de la Côte des Hures, permettent de récolter des échantillons de roches et des fossiles dans la formation de l'Oolithe ferrugineuse - ammonites Cardioceras et Perisphinctes, grandes gryphées (Gryphaea dilatata) et autres ostréidés ou bivalves divers, brachiopodes, oursins (genre Nucleolites notamment), serpules, etc.; autrefois, les chailles affleuraient sous le champ, dans le talus (dorénavant envahi par la végétation) du chemin de la Côte des Hures;
- la transition entre l'Oolithe ferrugineuse (bas du champ) et les Marnes des Éparges (haut du champ) est observable dans la parcelle labourée de la Côte des Hures ; des échantillons de marnes (lumachelle à huîtres) en pierres volantes y sont assez nombreux (fig.9) ; à l'approche de la lisière de la forêt qui couvre le sommet de la butte, des fossiles des faciès coralliens qui coiffent les Marnes des Éparges commencent à apparaître (gastéropodes du genre Bourguetia par ex.);
Fig.9 : Echantillons pétrographiques de Marnes des Éparges (à droite: lumachelle à huîtres)
- depuis le haut de la Côte des Hures (en lisière de forêt) s'offre un panorama sur la vallée du Longeau et le village des Éparges, d'une part, et un autre sur le Montgirmont et la Crête des Éparges, d'autre part; c'est du haut de ce relief et de celui du Montgirmont que les canons de l'artillerie française pilonnaient le sommet de la Crête des Éparges au moment du conflit (fig.10).
Fig.10 : Vue sur le Montgirmont et la Crête des Éparges depuis le haut de la Côte des Hures - cliquer sur l'image pour plus d'informations sur les tirs d'artillerie
Géologie et contexte historique de la Grande Guerre
Lors du conflit 1914-1918, la Crête des Éparges constituait un site convoité. Son éperon oriental (point "X") très avancé sur la Woëvre en faisait un observatoire privilégié sur la plaine de la Woëvre et le front des Côtes de Meuse.
Durant les premiers mois de la guerre, dans leur progression vers l'ouest, les troupes allemandes acheminées depuis Metz (ville de garnison alors en territoire allemand suite à la défaite française de 1870) occupaient la plaine et les villages de la Woëvre.
Les Hauts de Meuse se dressaient comme un premier obstacle naturel que l'armée allemande parvenait à passer par le rentrant de Broussey-en-Woëvre, au sud de St.-Mihiel, là où la largeur entre le front de côte et la vallée de la Meuse est la plus étroite (fig.11). Cette avancée allemande dans la vallée de la Meuse, qui est franchie entre St.-Mihiel et Chauvoncourt, aboutit à la mise en place du Saillant de Saint-Mihiel qui perdurera jusqu'à l'intervention de l'armée américaine en septembre 1918.
Fig.11 : Le Saillant de St.-Mihiel et son contexte géomorphologique
D'un point de vue géomorphologique, le rentrant de la cuesta oxfordienne de Broussey s'explique de par sa position dans le prolongement d'une structure tectonique d'axe NE-SO : l'anticlinal de Lorraine (fig.11). Cette correspondance entre structure et tracé du front de côte est à mettre en relation avec une érosion précoce des points hauts (paléotopographie due au bombement anticlinal) lors du démantèlement des reliefs, à l'œuvre depuis le Crétacé dans cette partie du Bassin Parisien (Bartier et al., 2018 - voir aussi la fiche "Borne de fer" sur ce site). À l'inverse, les "sortants" (= fronts de côte projetés vers l'est) et buttes-témoins de la Côte de Meuse coïncident initialement avec des creux topographiques, mieux préservés de l'érosion car associés à des synclinaux (ex. buttes-témoins du Toulois) ou à des fossés d'effondrement occasionnant des inversions de relief (ex.: butte de Montsec).
Dans ce contexte historique et géomorphologique, la Crête des Éparges occupe une position stratégique à double titre.
D'une part, la vallée du Longeau, surimposée dans la côte oxfordienne et responsable du découpage d'une avant-côte, offre des versants moins pentus que le front de côte, ce qui facilite l'accès au plateau des Hauts de Meuse (Bartier et al., 2018).
D'autre part, comme on l'a vu, l'éperon est de la crête donne accès à un point de vue sans équivalent sur la Woëvre, le pied de côte et ses villages occupés par les troupes allemandes ainsi que sur la partie septentrionale du Saillant de Saint-Mihiel (fig.12).
Fig.12 : Le point de vue (point "X") sur la Woëvre et la Côte de Meuse convoité par les Français
Délaissée par les Français, suite à la concentration des forces militaires dans la bataille de la Marne, la crête des Éparges est facilement conquise par les Allemands, depuis Combres, au début du conflit, en septembre 1914. Ces derniers y installent des tranchées et des abris fortifiés, notamment autour du point "X" et sur le versant sud.
Les soldats français cantonnés dans le village des Éparges (vidé de ses habitants, évacués) entreprennent la reconquête de la butte depuis le versant nord. Le pilonnage intensif par l'artillerie (postée sur les hauteurs alentours - fig.10 - ou dans la Woëvre) et les combats de tranchées, relatés dans son ouvrage ("Ceux de 14") par le jeune sous-lieutenant du 106e R.I., Maurice Genevoix, s'enchaînent entre septembre 1914 et avril 1915, engloutissant des milliers d'hommes de part et d'autre. Ces combats furent parmi les plus terribles de la Grande Guerre (voir les pages dédiées et l'espace pédagogique du site web du Mémorial de Verdun). À l'issue de cette première phase de batailles, les Français se rendent maîtres du point "A" et du point "C" (point culminant de la crête) mais sans jamais toutefois conquérir l'inexpugnable point "X" qui demeurera aux mains du camp adverse (fig.13).
Fig.13 : Carte du front dans le secteur des Éparges - cliquer sur l'image pour voir un plan des tranchées
Mal drainés, en période de précipitations, les boyaux et tranchées qui étaient creusés dans des terrains marneux rétenteurs d'eau (Marnes des Éparges et Terrains à chailles), se transformaient en cloaques boueux dans lesquels les soldats s'enfonçaient parfois jusqu'aux genoux ou, étant blessés, pouvaient même s'y noyer. Ce sont dans de telles conditions et sous une pluie battante, que se déroulent les assauts d'avril 1915.
Les marnes du sous-sol de la crête sont aussi des roches tendres, faciles à creuser, propices à l'ouverture de galeries et tunnels souterrains, que les belligérants utiliseront pour la mise en place d'une guerre de mines (fig.14). Celle-ci perdurera jusqu'à l'évacuation de l'éperon par les Allemands en septembre 1918. Les explosions (plusieurs dizaines de tonnes d'explosifs pouvaient être employées) sous les lignes ennemies précédaient les attaques ; s'en suivait un pilonnage des entonnoirs créés par l'artillerie adverse, empêchant généralement toute conquête nouvelle de terrain. Le front restera ainsi figé pendant la quasi totalité du conflit, compromettant durablement la réduction du Saillant de Saint-Mihiel par l'Armée française. Allemands et Français ont chacun fait sauter une quarantaine de mines dont les entonnoirs défigurent encore aujourd'hui le paysage au sommet de la crête (fig.7 et 17). Suite à l'effondrement des galeries non entretenues après la guerre, les ouvrages souterrains ont pour la plupart disparu ; seules subsistent quelques entrées de tunnels allemands sur le versant sud de la crête et dans le virage en épingle de la route D113 (cote 306) entre St.-Rémy et Combres (voir §. Localisation plus haut).
Fig.14 : Entonnoirs de mines et tranchées allemandes en 1917 sur l'éperon est des Éparges (cliché coll. Beauguitte in Czubak et Lejeune, 2014)
Des géologues recrutés par les militaires
Les combats du secteur du Saillant de Saint-Mihiel illustrent également pour la première fois l'intérêt des connaissances en géologie dans le cadre d'un conflit.
C'était le cas dans le camp allemand dont les aménagements et les ouvrages construits sur ou à proximité du front, avec un relatif confort contrastant avec celui des installations françaises, étaient particulièrement adaptés à la géologie des lieux. Par exemple, si elles ne l'étaient généralement pas du côté français, les tranchées allemandes placées dans les Marnes des Éparges étaient drainées pour éviter la stagnation de l'eau et limiter la formation de boue. Il en était de même pour les galeries dont le creusement était étudié pour éviter la traversée d'aquifères qui compromettrait l'avancée des travaux des équipes de sapeurs. Les services allemands avaient effectivement édité plusieurs cartes géologiques à usage militaire à l'échelle de 1/25.000 et d'une remarquable précision (Brooks, 1920). Sur le terrain, un corps spécialisé d'une vingtaine à une trentaine de géologues de guerre (Krieggeologen) est créé afin de coordonner l'organisation des travaux du génie répartis sur le front.
Côté français, bien que les sciences de la Terre étaient enseignées dans les écoles d'officiers, les géologues sont majoritairement mobilisés indépendamment de leurs compétences car jugées peu utiles par les autorités militaires. Cette situation évolue quelque peu à l'issue des premières années du conflit : les scientifiques reconnus sont affectés sur les régions du front dont il connaissent les caractéristiques géologiques ; ils peuvent ainsi œuvrer à l'organisation des travaux du génie. Cependant, en 1916, le général Roques, ministre de la Guerre, échoue dans sa tentative de création d'un service de géologie du front, qui devait être confié à un petit nombre de géologues missionnés (Bate et Morrison, 2018; voir aussi doc. du Musée du Génie d'Angers).
La prise en compte des données géologiques est davantage considérée au sein du corps expéditionnaire américain affecté au secteur du Saillant, à partir de l'entrée en guerre des États-Unis en avril 1917. En tout, neuf géologues américains (sur les 13 recrutés), rattachés au Q.G. du corps expéditionnaire, participeront aux campagnes de terrain (Brooks, 1920; Ginsburger, 2018). À l'instar des Geologische Beratungstell (= bureaux géologiques) allemands, l'U.S. Geological Survey avait, avant l'entrée en guerre des États-Unis et à partir de photographies aériennes, établi des cartes géologiques à 1/50.000 spécifiques de la région (Knappen, 1922 et Brooks, 1920). Ces cartes, inédites pour l'époque, couvraient aussi bien le territoire des lignes alliées que celui des lignes adverses. Ces documents à usage militaire (fig.15) étaient principalement dédiés à l'optimisation des transports (troupes et artillerie lourde), des travaux de mines et de défense ou encore des ressources en eau et en matériaux, etc. en fonction du contexte hydrogéologique, lithologique, structural, etc. et de ses variations potentielles en fonction des saisons (Harmand et al., 2018).
Fig.15 : Carte géologique de l'U.S. Geological Survey de Montsec à 1/50.000 (in Brooks, 1920) - cliquer sur la carte pour l'agrandir
Ainsi, l'offensive vers la Woëvre planifiée par le commandement allié pour libérer le Saillant de Saint-Mihiel avait-elle été prévue en septembre 1918, avant que les pluies d'automne ne viennent transformer la plaine argileuse en bourbier infranchissable pour l'artillerie et les premiers blindés (tanks) engagés dans la guerre. C'est sur la base d'un tel scénario météorologique automnal, prévu pour octobre et pensé pour retarder l'avancée américaine, que l'Armée allemande envisageait de se retirer des Hauts de Meuse et du Saillant de Saint-Mihiel, après avoir détruit routes et ponts. Surpris par la précocité de l'attaque, la retraite des Allemands sur la ligne St.-Michel (fig.16), se désorganisa et près de 17.000 hommes dont beaucoup de prisonniers furent neutralisés à l'issue de la libération du Saillant en septembre 1918.
Flore obsidionale et Grande Guerre
À noter enfin, dans le secteur du Saillant de Saint-Mihiel, la propagation d'une plante obsidionale (= importée lors de campagnes ou occupations militaires), la Bermudienne des montagnes ou Bermudienne montagnarde ou herbe aux yeux bleus (Sisyrinchium montanum Greene), une petite iridacée originaire d'Amérique du Nord et arrivée en Lorraine (on la rencontre aussi en Argonne, dans le Lunévillois, près de Baccarat et autour de Saint-Dié dans les Vosges) par l'intermédiaire des troupes américaines (fig.16). Il est vraisemblable que des graines de cette plante aient été transportées en provenance du Maryland, état depuis lequel a été préparée l'expédition, dans le fourrage destiné aux chevaux de l'armée américaine. La bermudienne des montagnes est une plante héliophile de 10 à 30 cm de haut que l'on rencontre le long des chemins qu'empruntèrent les Américains, plus particulièrement sur les bermes (= bordures et parties non piétinées des chemins) forestières. Elle est peu exigeante vis-à-vis de la qualité du sol (calcaire, gaize, grès, sable) mais on ne la trouve presque jamais sur terrains argileux ou marneux, du fait de la concurrence des autres végétaux. Ses fleurs à cœur jaune d'or comportent 6 tépales de couleur bleu-violet se terminant par une petite pointe appelée mucron (fig.16). La floraison s'étale de mai à mi-juillet et la première quinzaine de juin est la plus favorable pour son observation (à condition que le fauchage des chemins n'ait pas eu lieu). Si elle semble absente des Éparges, son occurrence est signalée à proximité : à Vigneulles-lès-Hattonchâtel, à Dompierre-aux-Bois et à Saint-Maurice-sous-les-Côtes (Parent, 1991 ; Vernier, 2014, 2015 et 2018 ; voir aussi une histoire des plantes obsidionales des tranchées en BD ici).
Fig.16 : Répartition de la Bermudienne des montagnes dans le secteur du Saillant de St.-Mihiel (carte in Vernier, 2014 ; cliché commons.wikimedia)
Bibliographie et sitographie
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BEAUX J.-F., FOGELGESANG J.-F., AGARD P. et BOUTIN V. (2011) - Atlas de Géologie Pétrologie - BCPST 1re et 2e années - Dunod éd., 146 p.
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HARMAND D., CHIFFRE E., PORCHIER J.-C. et LE ROUX J. (2018) - Le saillant de Saint-Mihiel. In "14-18. La Terre et le Feu. Géologie et géologues sur le front occidental. Bergerat F. (dir.), co-éd. AGBP - COFRHIGEO - SGN, Mém. hors-série n°10 de l'AGBP, p.226-233.
KNAPPEN R.S. (1922) - Influence of geology on engineering problems of the Second Army Area. Society of American Military Engineers, vol.14, n°76, p.219-222 et 254. pdf.
PARENT G.H. (1991) - Études écologiques et chorologiques sur la flore lorraine (note 11). Quelques observations récentes (1987-1989) sur l'herbe aux yeux bleus, Sisyrinchium montanum Greene (Iridaceae). Bull. Acad. et Soc. Lorr. des Sciences, vol.30, n°1. pdf.
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VERNIER F. (2015) - Ces plantes de la guerre que l'on nomme obsidionales. Études Touloises, n°51, p.7-19. pdf.
VERNIER F. (2018) - En passant par la Lorraine... plantes obsidionales et géologie. In "14-18. La Terre et le Feu. Géologie et géologues sur le front occidental. Bergerat F. (dir.), co-éd. AGBP - COFRHIGEO - SGN, Mém. hors-série n°10 de l'AGBP, p.418-419.
Site web du Musée du génie d'Angers : www.musee-du-genie-angers.fr et un document pdf à télécharger "une nouvelle discipline militaire: la géologie".
Site web du Mémorial de Verdun : http://memorial-verdun.fr
Site web "La folle histoire des plantes" (documentaires en bandes dessinées) : https://lafollehistoiredesplantes.com
Site web de la base de données scientifiques "Paleobiology Database": http://fossilworks.org/
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Fig.17 : La zone des combats de la crête des Éparges (1914-1918) resituée sur une carte postale des années 1970 - les marnes blanches (Marnes des Éparges) sont encore visibles sur les parois des entonnoirs de mines (coll. particulière)
Remerciements
Merci à Nicolas Czubak et à Pascal Lejeune de nous avoir permis l'utilisation des illustrations tirés de leur ouvrage "Les Éparges - Die Combres Höhe" (voir référence en bibliographie).
Auteurs : Philippe MARTIN - Didier ZANY - Date de création : 18/06/2019 - Dernière modification : 27/06/2020