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Le Conglomérat à La Petite Pierre : 3. Description

La fiche propose un exercice de cartographie géologique sur le flanc ouest de la colline de l’Altenburg, au sud de La Petite Pierre. Les observations portent sur un niveau repère facilement reconnaissable, à savoir le Conglomérat de Sainte Odile (ex-conglomérat principal ou poudingue de Sainte Odile) qui forme une corniche très présente dans ce secteur. Cette activité est aisément réalisable en dehors de la période de végétation lorsque le couvert forestier permet les observations à distance, car la totalité des affleurements n’est pas accessible à un groupe d’élèves (hors sentier, relief). Aussi, un certain nombre d’entre eux ont été photographiés et les vues insérées dans la fiche (V4,V5,V6).

Circuit (d’après carte IGN -Géoportail). P:parking. Les > en bleu indiquent le trajet décrit. Les (V1…V7) figurent les angles des prises de vue de sites décrits dans le texte. En trait marron, les emplacements (approximatifs) des abrupts déduits des photos aériennes récentes ou anciennes.

Afin de cerner les formations géologiques susceptibles d’être rencontrées par ailleurs, sur le circuit, une première mise en contact avec les roches est proposée aux environs immédiats du château : Cette partie 1 comporte le tour du pied de la citadelle/remparts et le début de la ruelle taillée de l’Altenburg.

La partie 2 comporte la reconnaissance et le repérage du niveau de Conglomérat de Sainte-Odile sur un fond cartographique ou sur une coupe (version au choix de l'enseignant / voir documents en Annexe).

À l’issue de la séance de cartographie, une mise au point ainsi qu’une interprétation tectonique du secteur s’imposeront.

Description

Partie 1) Les formations rocheuses présentes du secteur. Le tour extérieur des remparts.

Avant de débuter le tour des remparts, jetons un coup d’oeil sur un affleurement qui se situe au sein d’une petite butte (bastion) à la hauteur du parking, juste en face de l’office de tourisme. La ruelle qui donne accès au plateau de l’Altenburg a été taillée dans une série rocheuse et fournit une coupe de terrain sur plusieurs mètres.

Affleurement V1 au départ du chemin de l’Altenburg. Une limite presque plane - sous forme de diastème - court à mi-hauteur (> <) sur toute la longueur de la paroi. Elle marque le passage entre deux formations : à la base, les bancs lenticulaires à nombreux galets appartiennent au Conglomérat de Sainte Odile, au-dessus, des bancs gréseux plus tendres en lamines subhorizontales, parfois obliques et à petits galets annoncent les Couches intermédiaires qui forment ici une petite butte témoin. Cette formation s’étend à la surface du plateau de l’Altenburg et son altération a permis l’installation de cultures (jardins plus ou moins à l’abandon à l’heure actuelle), pépinières, prairies.

À présent, empruntons le chemin de terre qui descend entre l’extrémité nord-ouest du parking et le préau de l’école, sur le flanc nord de la colline du Staedtel. Il longe le pied de la citadelle fortifiée par Vauban (murs de parement en grès rose des Vosges). À certains endroits, la paroi rocheuse fait office de défense naturelle et sert de soubassement aux constructions. Au bout de l’éperon, le rocher terminal avance tel une proue et forme un surplomb soutenu par un mur. À cet endroit, il est possible de toucher deux formations gréseuses superposées.

Affleurement V2. Extrémité ouest de la place forte. Le surplomb rocheux et son mur de soutènement. Sur la hauteur du mur, la paroi est faite de bancs de Grès vosgien supérieur. Au-dessus, viennent les niveaux du Conglomérat de Sainte Odile. Les rochers sont recouverts par endroits d’un enduit minéralisé blanchâtre (travaux récents). On remarque le grès moins résistant en sous-cavage sous la muraille de conglomérat.

Affleurement V2. Détails. À gauche, de bas en haut : le Grès vosgien comporte un niveau à stratification plane formé de lamines de grès fin à tendance argileuse dont certaines sont décolorées. Il s'agit d'un sommet de banc ou de séquence de dépôt. Une limite nette (surface d'érosion) sépare ce banc du suivant qui débute par des lamines à stratification oblique faites d'un grès contenant localement de petits galets (début de séquence). À droite, portion de Conglomérat de Sainte Odile avec passées de graviers (taille des galets < 5 cm) et lamines gréseuses de teintes variées. Ces deux formations appartiennent au Buntsandstein moyen. L’épaisseur du Conglomérat de Sainte Odile avoisine les 13 mètres dans le secteur proche (forage de Eschbourg / 15 à 20 m, sur le territoire de la carte géologique de Bouxwiller - Selon la notice de la carte géologique).

Nous passons devant la citerne où le contact Grès vosgien / Conglomérat est à nouveau bien visible, Par contre, le sommet du Conglomérat paraît plus difficile à identifier, masqué en partie par la base des constructions. Nous remontons en direction du parking.

Vue ancienne du flanc sud du Chateau et du Staedel. La couverture forestière encore clairsemée à l’époque de la prise de vue, permet de repérer les bancs de Conglomérat dont la disposition a été soulignée en jaune.

Partie 2) À la découverte géologique de l’Altenburg

À l’issue du tour du pied des remparts, nous prenons le sentier qui débute à l’extrémité ouest du parking (altitude 345 m) en direction du sud (balisage Club Vosgien : anneau bleu et losange rouge). Il traverse en pente douce un premier vallon et longe sur sa gauche un espace boisé dont les pentes sont barrées de parois rocheuses verticales aux traits bien connus. Au bout de 200 mètres, nous nous engageons à gauche, sur le sentier (anneau bleu) qui traverse bientôt une érablaie avec sous-bois de ronces et de houx.

Passage de l’érablaie. Vue V3 en contre plongée vers l’amont. À l’arrière et en altitude l’abrupt vu précédemment (trait rouge) court le long du rebord de plateau.

Le décor change encore en abordant une plantation d’épicéas victime des attaques de scolytes (parcelle susceptible d'être déboisée). À la hauteur du sentier apparaissent de gros rochers.

Vue V4. La pente plutôt raide est garnie de gros blocs qui d’après la disposition des bancs semblent être en position "normale", (non éboulée). Les premiers rochers touchent le sentier puis s’échelonnent davantage en hauteur vers le fond. La roche est identifiable même si l’humidité de ce vallon favorise le développement des mousses.

Pour confirmer la nature des rochers suivants, nous tentons une ascension vers le plus proche d’entre eux.

Vue V5. Rocher au-dessus du sentier. Un air de déjà vu, sous le château. À noter le surplomb et les diaclases. Les abords - base des rochers et pente - sont formés d’une arène sableuse dans laquelle sont logés des blocs éboulés. L’endroit peu fréquenté nécessite un pied montagnard.

 

Vue V5 (suite). Aspects des gros rochers situés dans la pente au-dessus du sentier. Sur la vue de gauche, on devine la nature de la roche d’après sa disposition et son contenu (points blancs). On note l’existence de cavités d’érosion dans certains bancs. A droite, près de l’affleurement précédent, des lames sont découpées par toute une série de fissures verticales élargies.

Continuons notre progression sur le sentier. La corniche reste visible à quelques dizaines de mètres en hauteur prenant plus de vigueur lors du franchissement des interfluves et s’estompant au passage des vallons souvent encombrés de blocs éboulés. Bientôt, le sentier rejoint un chemin forestier montant depuis la droite (ouest). Nous le suivrons désormais vers le sud et délaissons le sentier « anneau bleu » qui descend. Nous gagnons à l’horizontale un troisième vallon où court un maigre ruisselet avant de remonter de quelques mètres. Bientôt un éperon bien visible se détache nettement entre les hêtres et pins. Nous l’atteignons après une grimpette.

Vue V6. Promontoire hors sentier. Un faciès trop connu mais très typique. À noter, en hauteur, des encroûtements ferrugineux sur les lèvres de la fissure.

Retour sur le chemin forestier qui traverse à présent une pinède installée dans une pente modérée. Constat : plus de corniche à notre gauche ! Le rocher vu précédemment était le dernier d’une suite. Des bruits de circulation nous apprennent que la Départementale 178 n’est pas loin. Au croisement avec une branche de sentier - nous retrouvons l’anneau bleu (alt 250 m) et nous l’empruntons pour débuter une ascension. La voie traverse trois laies forestières avant de gagner par une pente parsemée de blocs, le Rocher du corbeau ou Rabenfelsen (alt 325 m environ).

.Affleurement V7. Le rocher du corbeau fait figure de promontoire qui domine la vallée du Kohlthal-Imsthal. Sur son flanc sud, une petite arche. On retrouve le passage du Grès vosgien supérieur au Conglomérat. Il peut être suivi le long de la falaise qui s’engage vers le nord-est (sentier rond rouge).

Mais revenons sur nos pas. Par le sentier qui serpente entre quelques blocs isolés nous atteignons le sommet du Rabenfelsen (347m /CV). La vue porte sur les monts en trapèze et au loin sur les contreforts du massif du Donon. Attention, pas de barrière au niveau de l’à-pic !

Le retour vers La Petite Pierre s’effectue par un sentier qui devient chemin rural. Il est bordé côté ouest jusqu’à un carrefour par un abrupt que l’on devine entre les arbres. Cette configuration se retrouvera plus loin dans le secteur des « antennes-relais ». Nous passons ensuite à proximité de plantations de conifères puis devant le jardin des poètes d’où l’on jouit d’une belle vue sur le site du Stædtel, la ville ancienne de La Petite Pierre.

Le périple s’achève après avoir traversé le ravin-ruelle de l'Altenburg. C’est le moment de nous pencher sur nos esquisses de cartes géologiques et de proposer une interprétation aux observations effectuées.


Auteur : Etienne FEUCHTER - Date de création : 12/10/2021 - Dernière modification : 27/06/2022

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Contact : Roger CHALOT (Géologie) - Christophe MARCINIAK (Réalisation)