Foire aux questions sur le refus scolaire anxieux - DSDEN57

On parle de phobie scolaire ou plutôt de refus scolaire anxieux selon le terme consensuel pour des "enOn parle de phobie scolaire ou plutôt de refus scolaire anxieux selon le terme consensuel lorsqu’ «il s’agit d’enfants et d’adolescents qui, pour des raisons irrationnelles, refusent d’aller à l’école et résistent avec des réactions d’anxiété très vives ou de panique quand on essaie de les y forcer » (Ajuriaguerra 1974). Selon la professeure Marie-Rose Mora, la pédopsychiatre qui a dirigé l’ouvrage Phobie scolaire, retrouver le plaisir d’apprendre (éditionsVigot, octobre 2020), « c’est un ensemble de symptômes qui ont pour conséquences que l’enfant ou l’adolescent ne peut pas aller à l’école. Ce n’est pas qu’il ne veut pas y aller. Mais psychologiquement et, surtout, corporellement, il est dans l’impossibilité de le faire ». Des études récentes montrent que le RSA résulterait de l’intrication de plusieurs troubles parmi les troubles anxieux, troubles de l’humeur, troubles des apprentissages, troubles neurodéveloppementaux, handicap, … D’après les statistiques établies au niveau mondial en 2019, le RSA touche 1 à 5 % des jeunes en âge scolaire avec 3 pics de fréquence (5-6 ans, 10-11 ans, 13-15 ans) qui correspondent aux temps d’articulations scolaires avec passage de la maternelle à l’élémentaire, de l’élémentaire au collège et du collège au lycée.

Résultats d’une enquête de 2018 réalisée sur 1328 enfants de 5 à 18-20 ans souffrant de RSA (https://www.inserm.fr/actualite/phobie-scolaire-effet-de-mode-ou-realite-profonde/) :

- Chez les élèves d’âge primaire, les absences sont souvent liées soit à des symptômes somatiques (maux de ventre, maux de tête…), soit à un problème médical. Plusieurs autres facteurs récurrents entrent en jeu dès le primaire, avec la prise de conscience des différences: difficultés d’apprentissage (dyslexie, dysgraphie), handicap, précocité, troubles autistiques…

- Les adolescents développent un refus scolaire vers 11–12 ans, en lien avec différents troubles (dépression, phobie sociale) ou questions (identité de genre) ou environnement scolaire jugé angoissant (pression, conflits avec un enseignant, …) ou encore problème dans la famille (enfant qui préfère rester à la maison pour en quelque sorte surveiller son parent). Certains se rétablissent, lentement, grâce à un accompagnement a minima hebdomadaire. Mais pour beaucoup, la situation se dégrade, plus ou moins vite, jusqu’à une déscolarisation complète malgré des aménagements scolaires et un suivi médical lourd : psychothérapies multiples, hospitalisations, cumul de médicaments…

L’enjeu est crucial : l’absentéisme est associé à un risque de moindre réussite académique, à des problèmes de santé mentale et, à terme, à une précarité économique.

Seul un psychiatre peut poser le diagnostic.

L’alerte se fait au travers des signaux d’absentéisme scolaire. Ces signaux sont croisés avec les critères d’identification suivants pour faire la différence avec d’autres formes d’absentéisme (désintérêt scolaire, maltraitance, conduites addictives, …) :

- Des plaintes somatiques ;

- Une réticence ou un refus d’aller à l’école sans refus de travailler ;

- Une détresse émotionnelle temporaire ou chronique qui entrave la fréquentation scolaire ;

- Le jeune ne dissimule pas les absences à ses parents : il est à la maison au lieu d’être en classe ;

- Il ne présente pas de comportement antisocial grave en dehors des moments de fréquentation scolaire ;

- Les parents souhaitent que leur enfant poursuive sa scolarité, ils font ou ont fait des efforts conséquents pour assurer sa présence dans l’établissement scolaire.

A cet égard le questionnaire SCREEN peut être utilisé par le personnel de santé scolaire.

La priorité n’est pas de traiter le raccrochage mais de prévenir le décrochage. Toutes les études prouvent qu’il est plus efficace de développer la motivation et l’accrochage que de faire revenir un jeune après un abandon. Ceci implique une collaboration forte entre les différents partenaires que sont l’élève, le thérapeute, la famille, l’école. En effet, l’objectif doit toujours être le maintien du lien avec l'établissement et la réinsertion scolaire progressive avec une démarche qui pourra être formalisée dans un PAI, Projet d’Accueil Individualisé. « L’important n’est pas de réussir l’année, mais de retourner à l’école. », Christine Baveux de la Maison de Solenn.

Le GPDS est l’organe qui coordonne la prise en charge. Il désigne les personnels pour recueillir les éléments nécessaires à qualifier la problématique et articule les dispositifs permettant au jeune de ne pas décrocher. Dans ce cadre et dès que possible, un entretien sera proposé à l’élève et à sa famille pour échanger sur les difficultés qui génèrent l’absentéisme et ou les autres signaux faibles. L’idéal est de proposer cet entretien en équipe restreinte (2 personnes). Il pourra être proposé au jeune de participer à l’élaboration de 2 documents (liste hiérarchisée et monitoring), l’objectif étant de recueillir des données utiles aux médecins (scolaire ou traitant ou spécialisé) et aux thérapeutes :
- Liste hiérarchisée : sur son emploi du temps, le jeune met en évidence les situations difficiles à supporter. Il cote son niveau d’anxiété en regard de chacune des situations à l’aide d’une échelle numérique /10. Cela peut être intéressant pour la construction d’un emploi du temps aménagé.
- Journal de bord : dans un cahier, le jeune remplit un journal de ses journées, de son heure de lever jusqu’au coucher et ses ressentis. Il cote son anxiété en fonction des situations émotionnelles qu’il vit, il décrit les adaptations qu’il met en œuvre et les résultats obtenus (apaisements, pleurs, …) Le GPDS peut à tout moment décider de saisir le médecin scolaire pour objectiver le diagnostic, préconiser les aménagements adaptés, faire le lien avec le médecin généraliste ou spécialiste qui suit l’enfant. .

Pour passer le cap ou revenir à l’école après une absence prolongée, il est souvent nécessaire d’aménager la scolarité, de manière temporaire. Le PAI contractualise les modalités d’accueil dans l’établissement, en classe ou dans un autre lieu ou hors établissement dans le cadre, par exemple, d’un accompagnement pédagogique à domicile (APAD) et d’une prise en charge thérapeutique. Il acte aussi l’engagement de l’élève et de sa famille. Le PAI est rédigé en concertation avec les thérapeutes, l’équipe éducative et le médecin de l’éducation nationale. Il nécessite à la fois rigueur dans sa constitution et souplesse dans sa mise en œuvre. Exemple d’adaptations et d’aménagements en réponse à un RSA Le PAI qui définit les modalités d’emploi du temps (le temps de présence dans l’établissement, les lieux de présence, les cours suivis, les temps thérapeutiques) demande à être très régulièrement suivi et réévalué lors d’échanges entre le thérapeute, le médecin de l’éducation nationale et les enseignants en fonction de la progression de l’état de santé du jeune afin que la continuité scolaire puisse être assurée dans les meilleures conditions. Lorsqu’il est utilisé dans toutes ses dimensions et dans un partenariat bien construit, c’est un outil essentiel au maintien du lien scolaire pour les jeunes présentant une phobie scolaire et les aide, en complément de la thérapie, à renouer avec une vie sociale d’adolescent.

Même si l’IEF peut apparaître comme une solution envisageable pour soustraire le jeune à un environnement anxiogène, cette modalité d’instruction ne constitue pas une réponse adéquate sur le long terme et peut même aggraver sa situation en le coupant davantage des relations sociales et en le privant d'un cadre structurant. .