Foire aux questions sur le refus scolaire anxieux - DSDEN57

On parle de phobie scolaire ou plutôt de refus scolaire anxieux selon le terme consensuel « lorsqu’un élève, en l’absence de conduite antisociale, présente une vive détresse émotionnelle face à l’école, qu’il évite malgré les efforts raisonnables de ses parents pour l’y ramener ». (Laelia Benoit, chercheuse dans l’équipe Psychiatrie du développement du Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations à l’Université Paris-Saclay). Selon la professeure Marie-Rose Mora, la pédopsychiatre qui a dirigé l’ouvrage Phobie scolaire, retrouver le plaisir d’apprendre (éditions Vigot, octobre 2020), « c’est un ensemble de symptômes qui ont pour conséquences que l’enfant ou l’adolescent ne peut pas aller à l’école. Ce n’est pas qu’il ne peut pas y aller. Mais psychologiquement et, surtout, corporellement, il est dans l’impossibilité de le faire » Ce trouble concernerait entre 2 et 8 % des élèves, de la maternelle au lycée, avec une fréquence qui augmente à partir de la sixième et jusqu’à la troisième.

Résultats d’une enquête de 2018 réalisée sur 1328 enfants de 5 à 18-20 ans souffrant de RSA (https://www.inserm.fr/actualite/phobie-scolaire-effet-de-mode-ou-realite-profonde/): - Chez les élèves d’âge primaire, les absences sont souvent liées soit à des symptômes somatiques (maux de ventre, maux de tête…), soit à un problème médical mais le retour à l’école se fait en général au bout de deux ans de suivi. - Les adolescents développent un refus scolaire vers 11–12 ans, en lien avec différents troubles (dépression, phobie sociale) ou questions (identité de genre) ou environnement scolaire jugé angoissant (pression, conflits avec un enseignant, …) ou encore problème dans la famille (enfant qui préfère rester à la maison pour en quelque sorte surveiller son parent). Certains se rétablissent, lentement, grâce à un accompagnement a minima hebdomadaire. Mais pour beaucoup, la situation se dégrade, plus ou moins vite, jusqu’à une déscolarisation complète malgré des aménagements scolaires et un suivi médical lourd : psychothérapies multiples, hospitalisations, cumul de médicaments… - Près de la moitié des enfants souffrant de RSA avaient été victimes de harcèlement, d’insultes ou de menaces. Plusieurs autres facteurs récurrents entrent en jeu dès le primaire, avec la prise de conscience des différences : difficultés d’apprentissage (dyslexie, dysgraphie), handicap, précocité, troubles autistiques…

L’enjeu est crucial : l’absentéisme est associé à un risque de moindre réussite académique, à des problèmes de santé mentale et, à terme, à une précarité économique.

Seul un psychiatre peut poser le diagnostic.

Il est important que ces jeunes soient rapidement reconnus et pris en charge. C’est surtout au travers des signaux d’absentéisme scolaire que les parents et les équipes éducatives sont alertés mais d’autres signaux doivent nous alerter comme la baisse des résultats, l’isolement, le changement de comportement, ... Il est essentiel dès le début pour ces élèves que la différenciation soit claire pour les équipes éducatives et les familles entre la phobie scolaire, le désintérêt scolaire, les conduites addictives ou la maltraitance (racket, harcèlement…) qui ne relèvent pas d’un PAI. A cet égard le questionnaire SCREEN peut être utilisé par les médecins de l’éducation nationale ? Infirmières ?

La priorité n’est pas de traiter le raccrochage mais de prévenir le décrochage. Toutes les études nationales et internationales prouvent qu’il est plus efficace de développer la motivation et l’accrochage que de faire revenir un jeune après un abandon. Ceci implique une collaboration forte entre les différents partenaires que sont l’élève, le thérapeute, la famille, l’école. En effet, l’objectif doit toujours être la réinsertion scolaire progressive avec une démarche qui pourra être formalisée dans un PAI, Projet d’Accueil Individualisé. « L’important n’est pas de réussir l’année, mais de retourner à l’école. », Christine Baveux de la Maison de Solenn.

Le GPDS est l’organe qui coordonne la prise en charge. Il désigne les personnels pour recueillir les éléments nécessaires à qualifier la problématique et articule les dispositifs permettant au jeune de ne pas décrocher. A partir des signaux faibles, l’IDE ou la psy EN utilise, le plus rapidement possible des outils psychométriques (entretiens à mener). Il peut être proposé par l’infirmière scolaire au jeune de participer à l’élaboration de 2 documents (liste hiérarchisée et monitoring). L’objectif est de recueillir des données utiles aux médecin (scolaire ou traitant ou spécialisé) et aux thérapeutes : - Liste hiérarchisée : sur son emploi du temps, le jeune met en évidence les situations difficiles à supporter. Il cote son niveau d’anxiété en regard de chacune des situations à l’aide d’une échelle numérique /10. Cela peut être intéressant pour la construction d’un emploi du temps aménagé. - Journal de bord : dans un cahier, le jeune remplit un journal de ses journées de son heure de lever jusqu’au coucher et ses ressentis. Il cote son anxiété en fonction des situations émotionnelles qu’il vit, il décrit les adaptations qu’il met en œuvre et les résultats obtenus (apaisements, pleurs, …) On pourra procurer de la littératie (liste à établir) également aux parents pour qu’eux aussi s’approprient les connaissances, questionnent les professionnels et participent à l’accompagnement de leur enfant. Le GPDS peut à tout moment décider de saisir le médecin scolaire pour objectiver le diagnostic, préconiser les aménagements adaptés, faire le lien avec le médecin généraliste ou spécialiste qui suit l’enfant. .

Pour passer le cap ou revenir à l’école après une absence prolongée, il est souvent nécessaire d’aménager la scolarité, de manière temporaire. Le PAI contractualise les modalités d’accueil dans l’établissement, en classe ou dans un autre lieu ou hors établissement dans le cadre, par exemple, d’un accompagnement pédagogique à domicile (APAD) et d’une prise en charge thérapeutique. Il acte aussi l’engagement de l’élève et de sa famille. Le PAI est rédigé en concertation avec les thérapeutes, l’équipe éducative et le médecin de l’éducation nationale. Il nécessite à la fois rigueur dans sa constitution et souplesse dans sa mise en œuvre. Cf annexe pour une liste non exhaustive d’adaptations et d’aménagements en réponse à un RSA Le PAI qui définit les modalités d’emploi du temps (le temps de présence dans l’établissement, les lieux de présence, les cours suivis, les temps thérapeutiques) demande à être très régulièrement suivi et réévalué lors d’échanges entre le thérapeute, le médecin de l’éducation nationale et les enseignants en fonction de la progression de l’état de santé du jeune afin que la continuité scolaire puisse être assurée dans les meilleures conditions. Lorsqu’il est utilisé dans toutes ses dimensions et dans un partenariat bien construit, c’est un outil essentiel au maintien du lien scolaire pour les jeunes présentant une phobie scolaire et les aide, en complément de la thérapie, à renouer avec une vie sociale d’adolescent.

L’IEF n’est qu’exceptionnellement une réponse adaptée au RSA car dans ce cas elle ne conduit que très rarement à une rescolarisation.