
Trésors inconnus de Viollet-le-Duc : Notre-Dame de Paris et autres sanctuaires, écrit par Gaël Favier, est le catalogue paru en juillet 2025 chez l’éditeur CLD, en accompagnement de l’exposition Les trésors méconnus de Viollet-le-Duc, qui se tient au Musée d’art religieux de Fourvière à Lyon jusqu’au 2 novembre 2025. Gaël Favier est conservateur des musées du diocèse de Carcassonne et Narbonne, et expert en orfèvrerie religieuse. Le volume est illustré de riches et remarquables photographies de Ferrante Ferranti et Pascal Lemaître.
L’ouvrage met en lumière une facette moins connue de l’œuvre de Viollet-le-Duc : non pas seulement l’architecte-restaurateur célèbre, mais le créateur d’objets liturgiques — reliquaires, ostensoirs, calices, vases sacrés — et mobilier religieux, qu’il dessinait lui-même ou faisait produire selon ses dessins. Il s’attache notamment aux pièces du Trésor de Notre-Dame de Paris dessinées au XIXᵉ siècle, certaines ayant survécu à l’incendie de la cathédrale.
On découvre aussi les dessins préparatoires (ébauches, motifs décoratifs) qui révèlent comment Viollet-le-Duc, influencé par le style gothique notamment du XIIIᵉ siècle, réinterprète l’ornement, la forme, la silhouette de pièces religieuses pour rendre une cohérence esthétique entre mobilier, architecture, espace sacré. L’auteur insiste sur ses collaborations, en particulier avec l’orfèvre Placide Poussielgue-Rusand, qui a aidé à produire certaines pièces “en série” ou à coût moindre, ce qui montre une dimension spécifique dans le travail de Viollet-le-Duc : rendre l’art liturgique accessible, tout en maintenant une esthétique soignée.
Pour les enseignants de terminale, ce livre constitue une ressource particulièrement riche pour travailler la question au programme sur Eugène Viollet-le-Duc. Il permet de faire découvrir une dimension trop souvent négligée de son œuvre : sa capacité à penser l’architecture dans son ensemble, non seulement les structures, restaurations, façades ou charpentes, mais aussi le mobilier, l’objet liturgique, l’orfèvrerie, dont il dessine ou conçoit les formes selon l’architecture et le style qu’il restaure. L’ouvrage fournit des exemples concrets de reconstitution (reliquaires de la Passion, Trésor de Notre-Dame) qui aident à interroger la relation entre authenticité, style, mémoire, et restauration. Il permet aussi de croiser avec les notions de style néogothique, de romantisme architectural, et de débat patrimonial du XIXᵉ siècle. Les photographies et les dessins préparatoires permettent de faire des analyses formelles, des comparaisons entre objet disparu / reconstitué / restauré, et discuter de la valeur esthétique, historique ou symbolique de ces objets. Ce livre permet aussi d’approfondir la compréhension de l’architecte comme “artiste total” : penseur esthétique mais aussi praticien de l’objet.
Trésors inconnus de Viollet-le-Duc apparaît donc comme un hommage autant qu’une redécouverte : il révèle l’importance du détail décoratif, de l’objet sacré dans le projet global de Viollet-le-Duc, et comment ces trésors éclairent sa pensée sur les notions clés de restauration, authenticité, reconstitution, mémoire patrimoniale.
