CACHER / MONTRER. UNE HISTOIRE DES OEUVRES INVISIBLES EN OCCIDENT, DE NADEIJE LANEYRIE-DAGEN

Un voyage fascinant à travers les œuvres invisibles de l’Occident ! De la Renaissance aux musées contemporains, découvrez comment le contexte et la visibilité influencent la perception des œuvres.

Cacher / montrer. Une histoire des œuvres invisibles en Occident, de Nadeije Laneyrie‑Dagen, est paru en mai 2025 aux Éditions Gallimard dans la collection Art et artistes (328 pages).

L’ouvrage explore un aspect rarement traité de l’histoire de l’art : les œuvres qui ont été volontairement cachées ou restreintes dans leur visibilité. De la préhistoire aux collections contemporaines, l’auteure montre comment les artistes et les institutions ont choisi de cacher ou de montrer, selon des motivations religieuses, esthétiques, morales ou sociales.

Dans cet essai ambitieux, l’historienne de l’art propose de prendre le récit de l’art à rebours, en s’intéressant aux œuvres dont la visibilité n’a pas toujours été la norme, et explorant les différentes formes de dissimulation voulue — qu’il s’agisse de spatialisation, d’occultation volontaire ou de contextes privés.

L’ouvrage débute par une évocation des grottes préhistoriques (les peintures pariétales) et s’appuie notamment sur les réflexions de Walter Benjamin (et l’idée d’exposition de l’image au regard), avant de se déplacer à travers les époques et les espaces culturels — Égypte, Byzance, Moyen Âge, jusqu’à l’Occident médiéval et moderne. La Renaissance occupe un rôle central, avec l’étude d’artistes comme Van Eyck, Giorgione, Titien, Raphaël, et l’hypothèse stimulante que derrière certains grands tableaux, une version cachée ou alternative aurait pu exister (par exemple autour de la Joconde).

L’auteure poursuit ensuite par les collections des XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles — évoquant le caché par rideaux, les boudoirs où l’on entreposait des œuvres jugées trop indiscrètes, et les stratégies d’occultation ou de mise en scène selon les publics visés. Elle examine également les musées contemporains, et les précautions prises pour éviter que certaines œuvres ne choquent le public, avant d’aboutir à des cas d’étude modernes ou contemporains, comme L’Origine du monde de Courbet, autour de laquelle se dessinent des histoires d’intimité, de rideaux ou d’occultation volontaire.

Pour les enseignants d’histoire des arts, Cacher / montrer est un outil précieux pour aborder la muséologie, la réception des œuvres et le rôle du contexte d’exposition. Grâce à ses études de cas variées — de la Renaissance aux œuvres controversées contemporaines —, il permet de construire des séquences pédagogiques sur la censure, la valeur symbolique de l’occultation, et la réception des œuvres selon le public. Les élèves peuvent ainsi réfléchir à la manière dont la visibilité ou l’invisibilité influence la perception et le statut culturel d’une œuvre.