
Des artistes espagnols à Paris. Identités et engagements face à la guerre civile, publié en janvier 2025 aux éditions CTHS, est le fruit d’un travail de recherche ambitieux signé par l’historienne de l’art Amanda Herold-Marme.
L’ouvrage plonge dans le destin des créateurs espagnols présents à Paris dans les années 1930-1940, qu’ils soient installés depuis longtemps dans la capitale française ou arrivés en exil à la suite de la guerre civile espagnole.
Dès 1936, ces artistes sont confrontés à un dilemme : comment concilier leur identité artistique, leur héritage culturel et la nécessité de prendre position face à un conflit qui divise l’Espagne et bouleverse l’Europe ? Certains s’engagent ouvertement pour la République, d’autres choisissent la neutralité, quelques-uns même soutiennent le camp franquiste. L’art devient ainsi un véritable terrain de confrontation idéologique.
L’autrice analyse avec précision les expositions qui cristallisent ces choix, comme l’Exposition universelle de 1937, marquée par la présence de Guernica de Picasso, ou « La Quinzaine d’art espagnol » organisée à la Galerie Charpentier en 1942, en pleine Occupation. À travers ces événements, elle montre combien la création artistique est inséparable des tensions politiques et des fractures mémorielles de l’époque.
Le livre restitue aussi la diversité des trajectoires : exils douloureux, intégrations dans l’école de Paris, stratégies d’adaptation ou d’effacement. Entre solidarité et isolement, reconnaissance et oubli, la communauté espagnole à Paris incarne les contradictions d’un art qui cherche à exister dans un contexte troublé.
Ce livre s’inscrit directement dans la thématique du programme du bac « Paris, capitale des arts, première moitié du XXᵉ siècle ». Il met en lumière le rôle central de Paris comme lieu d’accueil, de confrontation et de rayonnement pour les artistes espagnols durant les années 1930-1940. On y retrouve les débats esthétiques qui animent la capitale — entre tradition et modernité, engagement et neutralité — ainsi que la richesse des échanges dans le cadre de l’Exposition universelle de 1937 ou des galeries parisiennes. En s’appuyant sur des cas précis (Picasso, l’école de Paris, les expositions militantes), l’ouvrage permet d’illustrer comment la ville devient un espace de visibilité mais aussi de clivages, révélant le rôle des artistes étrangers dans la construction de l’identité culturelle parisienne. Utilisé en classe, il offre aux élèves des exemples concrets pour comprendre la diversité des trajectoires artistiques et la manière dont Paris s’affirme comme véritable capitale des arts, même en temps de crise.
