Procès corrompu

Les 7 de Chicago

Les Sept de Chicago en anglais The Trial of the Chicago 7 est un film américain réalisé par Aaron Sorkin de 129 minutes sorti en le 30 septembre 2020 sur la plateforme Netflix en France et mondialement le 19 octobre. C’est un drame judiciaire, inspiré de faits réels, qui parle du procès des Chicago Seven à la fin des années 1960. Les personnages principaux sont Bobby Seale interprété par Yahya Abdul-Mateen II, Abbie Hoffman joué par Sacha Baron Cohen, Tom Hayden interprété par Eddie Redmayne, Jerry Rubin interprété par Jeremy Strong (tous les quatre sont des accusés) et enfin Richard Schultz le procureur joué par Joseph Gordon-Levitt.

J’ai vu ce film une première fois seule durant ces vacances. Je cherchais un film de fond pendant que je faisais du dessin et je suis tombé par hasard sur ce film. Je l’ai regardé tout au long de la journée car je l’ai coupé plusieurs fois ; malgré cela, il m’a tout de suite plu au point que je l’ai reregardé le lendemain même avec ma maman. Et je le regarde encore une fois en même temps que je fais cette critique.

Je pense qu’il est important de rappeler le contexte historique dont s’inspire ce film : en 1968 l’Amérique se trouve dans une situation tendue avec la guerre du Vietnam et l’assassinat du militant Martin Luther King. Lors de la Convention démocrate de 1668 à Chicago, plus précisément le 28 août, plusieurs manifestations non autorisées des opposants de la guerre du Vietnam (1955/1975) et du président de l’époque Richard Nixon se déroulent à Chicago et plusieurs milliers de manifestants veulent aller manifester devant  l’International Amphithéâtre, où se passe la convention. Malheureusement la police ne laisse pas les manifestants s’approcher et utilise des gaz lacrymogènes et des matraques pour les repousser. Plusieurs enregistrements ont été faits de ces violents affrontements et ont été largement diffusés. Suite aux émeutes il a été décidé par le procureur Ramsay Clark que le déclenchement des violences était dû aux forces de l’ordre. Cependant, à l’arrivée au pouvoir de Richard Nixon, les procédures ont été relancées et le 20 mars 1969, un grand jury fédéral inculpe huit responsables de la manifestation et huit officiers de police, les uns pour conspiration en franchissant les frontières d’un État en vue d’inciter à la révolte, et les autres pour violation des droits civiques. Le procès commence le 24 septembre 1969 et se termine le 18 février 1970. Le 21 novembre 1972, les condamnations sont annulées par la Cour d’appel qui considère que le juge avait été partial dans son refus de permettre aux avocats de la défense de filtrer les jurés en fonction de leurs préjugés culturels ou raciaux .

Le film commence avec des extraits de discours d’hommes politiques comme Robert Francis Kennedy, de la radio et d’opposants qui parlent tous du projet consistant à augmenter le nombre de soldats américains qui se battent au Vietnam. On voit ensuite les discours des différents organisateurs ou acteurs majeurs de la manifestation ; on y retrouve les discours de Abbie Hoffman et Jerry Rubin, membres du Youth International Party, surnommés « yippies », discours comiques et agressifs , de David Dellinger, militant pacifiste non-violent, de Tom Hayden et Rennie Davis, membres de la Nouvelle Gauche et d’associations étudiantes pacifistes qui tiennent eux un discours pacifiste et responsable, de John Froines et Lee Weiner, deux universitaires opposés à la Guerre du Vietnam et de Bobby Seale, co-fondateur du Black Panther Party, qui tient un discours plutôt agressif.

Cette introduction permet également de présenter les personnages principaux. On peut remarquer qu’ils n’ont pas tous les mêmes idées concernant le déroulement de la manifestation mais néanmoins ils sont tous pour la fin de la guerre du Vietnam et c’est cette cause qui sera leur dénominateur commun. Après cette introduction on se retrouve dans le bureau du nouveau président et c’est là qu’on se rend compte que le procès qui va suivre est déjà faussé car quand le président demande à Richard Schultz de condamner les 8 de Chicago, Richard Schultz explique au président que ce procès n’a pas lieu d’être pour de multiples raisons. Cependant le président insiste pour que ce procès ait lieu. Enfin on suit le procès et on subit les injustices politiques ou racistes du juge Hoffman. Son comportement conduira à l’organisation d’un procès à part pour juger Bobby Seale qui n’avait même pas d’avocat durant son procès. De plus il fut ligoté durant trois jours de procès. On prendra connaissance du déroulement et du dérapage des manifestations durant le procès, un peu comme si nous étions les jurés ; d’ailleurs les jurés qui semblaient être du côté de la défense (Jurés 9 et 11) seront relevés de leur fonction car leur famille avait apparemment reçu des lettres de menace des Black Panthers, ce qui est évidemment faux, cela résultant d’un coup monté. C’est au 151ème jour que se finira le procès avec une scène finale exceptionnelle de Tom Hayden lisant tous les noms des soldats morts au Vietnam depuis le début du procès. C’est également sur cette scène de fin que nous apprendrons les condamnations de cinq des accusés.  

Le tournage débute en octobre 2018 après 11 ans car c’est en 2007 que Aaron Sorkin écrit le script de The trial of the Chicago 7 inspiré du procès des conspirationnistes des Chicago Seven. Comme Aaron Sorkin avait trop de projets en court et que de plus il y a eu de multiples retardements comme des grèves ou des changements de réalisateur avant de revenir à Aaron Sorkin,  le film a pris près de 11 ans avant être tourné.

La majorité des scènes ont été tournées à Chicago et dans le New Jersey, d’autres dans le comté, notamment à Hennessy Hall, dans l’Université Fairleigh-Dickinson ainsi que dans l’enceinte du Collège of Saint Elizabeth. Les musiques ont été faites par Daniel Pemberton qui a notamment fait les musiques de Le roi Arthur : la légende d’Excalibur. Le montage a été fait par Alan Baumgarten qui a notamment monté Venom. Le film sera nominé et remportera de nombreux prix : Golden Globe du meilleur scénario, Critics’ Choice Movie Award du meilleur montage, AACTA International Award du meilleur scénario, Gotham Independent Film Award, Tribute Award, etc.

Je trouve ce film exceptionnel ; il est très beau visuellement. Les plans sont colorés et larges ; l’émotion véhiculée durant tout le procès est l’injustice. On se sent vraiment dans la peau des accusés et bien sûr le film ne perd pas de vue le plus important avec la scène finale où Tom Hayden lit le nom de tous les soldats morts au Vietnam depuis le début du procès. Les acteurs choisis sont aussi exceptionnels même si mon préféré reste Joseph Gordon-Levitt. Pour finir je trouve que le film et les évènements de 1968 sont encore d’actualité avec par exemple le mouvement Black live Matter et les élections présidentielles américaines qui se sont déroulées peu de temps après la sortie du film. Bien que le procès des 7 de Chicago n’ait pas arrêté la guerre, ils se sont battus pour la liberté expression : Lee Weiner dira au Time en 2018 « Est-ce qu’on a accompli ce qu’on voulait accomplir ? Non, la guerre s’est poursuivie. Mais je crois qu’on a rendu plus légitime la notion de résistance. »

Je conseille vraiment ce film et je me permets de mettre la bande annonce de celui-ci : https://www.youtube.com/watch?v=nH79C2udi5U


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1 commentaire

  1. 2nde option cinema a dit :

    Franchement c’était duuuuurrr

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