
Pour nos lecteurs, Adrien Lagrange est allé interviewer le professeur le plus bankable du cinéma naborien : Samuel Boutron.
Interview de Samuel Boutron, sur le cinéma
Adrien LAGRANGE : Quel est votre film préféré ?
Samuel BOUTRON : Alors déjà je l’ai vu la question sur votre feuille : c’est quasiment impossible de répondre à une question comme ça. Il faudrait me donner une époque, il faudrait me donner un genre, il faudrait me donner un acteur ou un réalisateur… Je vais essayer de répondre quand même pour jouer le jeu. […]
Je pourrais en donner 15 des films mais je vais, pour faire un choix, prendre la question autrement. Peut-être le film qui me fait le plus plaisir à revoir : ce ne serait pas loin d’être mon film préféré et d’un de mes réalisateurs préférés. Donc je vais aller sur Tarantino. J’aurais pu prendre un film de Kubrick aussi pour aller dans les préférés, mais j’ai plus de plaisir à revoir du Tarantino, peut-être parce que c’est plus récent. Donc parmi les films de Tarantino celui que je prends le plus de plaisir à revoir. Ouah c’est difficile… Je vais prendre la question : celui qui me fait le plus de bien ? Attendez,il faut que je les élimine : ce n’est pas les Kill Bill, ce n’est pasles 8 salopards, ça pourrait être Django mais ce n’est pasDjango. Once Upona Time in Hollywood : pas tous les moments, donc non. Il reste Pulp Fiction et IngloriousBasterds.
Mais pour la musique je dirais… aller : Pulp Fiction. Mais voyez avec toutes les nuances, que c’est impossible de répondre, mais comme ça je joue le jeu.
Adrien LAGRANGE : Ensuite votre réalisateur préféré ? Mais vous avez déjà répondu à la question. C’est Tarantino.
Samuel BOUTRON : Alors c’est pareil, c’est très difficile à dire, mais vraiment, je n’hésite pas une seconde, quand il y a Tarantino qui passe quelque part à la télé, il faut que je regarde. Je peux m’abstenir pour d’autres réalisateur, donc en cela je dirais que c’est mon réalisateur préféré. Même si, par exemple Kubrick, chaque film est un chef-d’œuvre. Ou si je prends Christopher Nolan, c’est quasiment des chefs-d’œuvre à chaque fois aussi. Après là je suis que sur le cinéma américain, on pourrait aussi revenir sur le cinéma français. Mais là on va dire que je suis sur Tarantino.
Adrien LAGRANGE : Votre film d’animation ?
Samuel BOUTRON : Je ne regarde quasiment pas de film d’animation. Enfin non, je ne regarde pas de film d’animation. Je ne suis pas sensible à ça. C’est assez souvent un tort parce qu’il y a surement des choses très bien.
Mais là je réfléchis, est ce que récemment j’ai vu des films d’animation ? Non, non… Honnêtement les derniers films d’animation que j’ai dû voir, c’était avec mes enfants quand ils étaient tout petit. Des Disney un peu pourris, enfin pourri, ce n’est pas mon délire. Quoique quand je regardais avec mes enfants quand ils étaient plus petits, ouais, je sais que les Ages de Glaces sont bien fait. Mais après je sais qu’il y a des films d’animations plus sérieux, beaucoup moins pour les enfants, mais là je ne m’y connais pas, je n’y connais rien. Je ne suis pas hyper sensible à ça. C’est une culture que je n’ai pas.
Adrien LAGRANGE : Votre film plaisir coupable ?
Samuel BOUTRON : Haha, là il y en aurait pleins aussi. Mais alors moi c’est les comédies, ce qu’on peut appeler nanars parfois un peu, mais qui quelque part sont aussi des chefs-d’œuvre. Ça va être, sur du bien nanars :la 7ème compagnie. Et parmi les trois, peut-être même le deuxième ou le troisième. Le premier étant un peu trop court peut-être, quoique l’accent d’Aldo dans le premier compense aussi… Bon bref, la 7ème compagnie.
Adrien LAGRANGE : Votre premier film vu au cinéma ? Si vous vous en souvenez.
Samuel BOUTRON : Il est possible que mes parents m’aient emmené voir E.T. Mais je ne me souviens plus de l’avoir vu au cinéma, mais c’est possible que la première fois qu’on soit allé au cinéma en famille, enfin que moi j’y sois aller avec mon frère et mes parents, c’était peut-être pour voir E.T.
En revanche, le premier film dont je me souviens bien d’avoir été le voir au cinéma. En tout cas le premier film qui m’a marqué au cinéma : c’est le premier Batman de Tim Burton. Ça devait être en 1989. J’avais donc 10 ans.
Je pense que j’ai déjà été au cinéma avant, peut-être pour E.T et je ne m’en souviens plus, mais je me souviens par contre bien d’avoir, avec mon frère et mon cousin, on était allé voir le Batman de Tim Burton. Et ma cousine a pleuré parce qu’elle avait peur du Joker et de son sourire.
Adrien LAGRANGE : Le dernier film que vous êtes allé voir au cinéma et un avis très court sur celui-ci ?
Samuel BOUTRON : Je ne suis pas allé récemment. Je ne suis pas allé pendant les vacances, souvent les films pendant les vacances c’est pfff. Je suis allé en fin d’année scolaire, en juin, j’ai dû y aller avec mon fils… Ah oui ! Formule 1 avec Brad Pitt.
Très bon, très très bon film, au niveau des images,Hans Zimmer aux commandes pour la musique. Le charisme de Brad Pitt, indépassable aussi sur ce plan-là. Et puis même Javier Bardem, qui joue le manager. Non très très bien, très très content.
QUIZZ
Répondre le plus rapidement possible :
Romance ou horreur ? Horreur
Spielberg ou Tarantino ? Tarantino
Film de 1h30 ou 3h ? 3h
Seigneur des anneaux ou Harry Potter ? Seigneur des anneaux
Streaming ou Cinéma ? Cinéma
Film ou série ? Film
Français ou américain ? Les deux : mais en ce moment je vais dire français parce qu’il y a une nouvelle génération qui est super.
Tarkovski ou Bergman ? Tarkovski je ne connais pas. Donc je dirais Bergman même si je ne suis pas un grand fan. C’est trop loin pour moi.
Batman ou Superman ? Batman
Film de guerre ou comédie musicale ? Guerre
Apocalypse Now ou Platoon ? Platoon
Samuel BOUTRON : Apocalypse Now est un chef-d’œuvre mais extrêmement contemplatif, très lent. Il y a une très longue attente jusqu’à ce qu’on arrive enfin chez Marlon Brando. Mais j’ai dit que je préfère Platoon parce que Platoon est une vraie critique même plus autocritique de l’Amérique, sur la guerre du Vietnam que dans Apocalypse Now. Et parce que aussi dans Platoon c’est vraiment fabriqué par Oliver Stone alors qu’Apocalypse Now, c’est une adaptation d’un roman de Joseph Conrad qui s’appelle : Au-delà des ténèbres, et qui se passe d’ailleurs pas du tout au Vietnam. Donc bref c’est pour ça que je préfère Platoon.
Adrien LAGRANGE : Si vous deviez faire un film il ressemblerait à quoi ?
Samuel BOUTRON : Difficile à dire, je pense que je ferai quelque chose que j’aime donc je ferai ce que j’aime regarder. Donc quelque chose, je pense d’assez tarantinien qui mélange à la fois le sombre et le drôle. C’est-à-dire une intrigue sombre, un peu comme le fait en ce moment Gilles Lellouche en tant que réalisateur. Quand il fait l’Amour Ouf, c’est un film qui a une histoire très sombre, mais il y a des moments très drôles aussi. C’est-à-dire que en s’appuyant sur des acteurs qui peuvent porter les deux, à la fois la noirceur et l’humour. Donc ça ce serait l’atmosphère du film qui serait un mélange de sombre et de rire quand même. Mais un rire évidemment, qui ne va pas être un rire léger, qui va être un rire un peu sarcastique, un humour noir un peu cynique aussi. Ça, ce serait l’ambiance générale.
Après pour les acteurs, si je devais être réalisateur, j’irais taper dans la nouvelle génération française. Enfin, la nouvelle génération française, ça fait déjà quelques années qu’ils travaillent mais : François Civil, Raphaël Quenard, qui en ce moment est mon acteur, que j’aime le plus voir dans les interviews, dans les films… J’ai lu d’ailleurs son livre qui est incroyable. Il faut absolument le lire, il y a tout l’humour, toute la personnalité de Raphaël Quenard dedans. On a même l’impression de l’entendre parle quand on le lit. Donc ouais, ça tournerait autour de Raphaël Quenard pour les acteurs. On peut prendre tous ceux que Lellouche a fait tourner dans l’Amour Ouf quasiment, tous les plus jeunes on va dire : Adèle Exarchopoulos par exemple aussi. J’adore aussi la bande à Pierre Niney avec ceux qui joue dans Five ou notamment le réalisateur qu’on a aussi dans la série Fiasco, Igor Gotesman. Donc le casting ça tournerais autour de ça, bon il manque un peu des filles mais ce serait ça.
Adrien LAGRANGE : Votre film de l’option cinéma qui vous a le plus marqué depuis que vous êtes là ?
Samuel BOUTRON : -Alors l’année dernière je ne les ai pas tous vu, j’ai dû en voir 4 ou 5.
Adrien LAGRANGE : -Après pas forcément l’année dernière, vraiment de tous les films ?
Samuel BOUTRON : -Il y a ceux que vous avez fait. Je ne me souviens plus de ce qu’il y’avais d’autre en fait… je me souviens des vôtres. Alors je pourrais plus vous donner les titres, il y a longtemps, avant que vous veniez, il y a trois ou quatre ans, il y avait des films qui étaient pas mal sur le plan du propos. Mais je pourrais plus vous dire quel était le titre ni qui était dedans.
Adrien LAGRANGE : -Je me souviens qu’une fois en cours vous parliez des films, que souvent on restait bloqué dans le lycée, c’est des films lycéens et que Ducoup ce qui sortait de cet esprit vous interpelais.
Samuel BOUTRON : -C’est vrai, maintenant ça commence à devenir des films qui parle d’autres chose que le lycée alors ça commence à devenir plus intéressent. […] Dans les films lycéens c’est toujours les mêmes thématiques qui vont revenir sur la vie du lycéen. Alors ça peut être bien fait et intéressant, mais parfois bon, c’est un peu un vase clos.
Non mais moi je dirais le vôtre de l’an dernier sur les hommages de films parce qu’il y a une mise en abîme, il y a un travail sur le cinéma. C’est un film sur le cinéma donc avec une mise en abîme et puis avec l’aboutissement de la réalisation, l’accompagnement musical… Enfin voilà pour moi c’est le plus aboutis que j’ai vu.
Adrien LAGRANGE : -Et bien merci beaucoup !
Samuel BOUTRON : -Mais de rien.
Adrien LAGRANGE : Qu’est que vous pensez des films de super-héros ?
Samuel BOUTRON : Ah bah je n’aime pas. Sauf les Batman, parce que Batman n’est pas un super héros. Batman est un homme, il n’a pas de super pouvoir donc par définition il n’est pas un super-héros. Il a un super équipement, il a une super richesse, un super Alfred… il a tout ce qu’il faut pour être un super-héros mais il n’est pas un super-héros, c’est un héros.
Et les Batman de Nolan posent la question de l’héroïsme et c’est pour ça que je les aime bien. Donc je ne considère pas réellement ça comme un film de super-héros, surtout qu’il y a plein pleins d’autres réflexions chez Nolan. Après LES films de super-héros, du genre les 4 fantastiques ou Iron man, je ne dis pas que ce n’est pas bien mais ce n’est pas ma cam. A part bien-sûr pour voir Scarlett Johansson en combinaison quoi…
Adrien LAGRANGE : Quel acteur pour jouer votre rôle ?
Samuel BOUTRON : Haha, alors déjà je ne pense pas que ce soit un rôle hyper intéressant à jouer. Mais du coup pour le passage du sérieux à la folie, je dirais pourquoi pas un Raphaël Quenard qui peut avoir le sérieux et la folie, surtout la folie… Ou j’aime bien aussi Benjamin Lavernhe qui pourrait bien faire un prof de français aussi qui part un peu dans tous les sens.
Adrien LAGRANGE : Dernière question, sommes-nous des monstres parce qu’on aime regarder des séries ou des films qui glorifient les serial killers ?
Samuel BOUTRON : La réponse est évidemment non, parce qu’il y est glorification ou pas glorification, ça existe depuis la tragédie grecque. Quand les tragédies grecques : La Thébaïde, l’Orestie… ou même les tragédies d’inspiration vague du XVIIème siècle : Andromaque… Enfin bref, toutes les tragédies grecques, on nous montre la monstruosité de l’âme humaine. Et c’est fait exprès, c’est fait pour ça, on nous montre la monstruosité de l’âme humaine. Et parfois on cherche à susciter l’empathie du spectateur et ça s’appelle la catharsis : c’est la purification des passions. Et c’est une nécessité en réalité. Être attiré par ce qu’il y a de plus horrible dans l’Homme, attiré par curiosité voire par fascination ou par admiration, c’est une façon d’accepter que l’on ait en soi une part de monstruosité et que tout Homme a en soi une part de monstruosité. Ce serait être un monstre que d’ignorer ça, on serait un monstre si on ignorait qu’on avait une part de monstruosité en nous, parce que cette part de monstruosité pourrait prendre le dessus sur nous. Or si on a conscience de cette part qu’on la connait, qu’on sait qu’elle est là, qu’on sait que ça existe, et bien on peut ne pas la laisser s’exprimer. Et donc c’est tout le contraire, on n’est pas des monstres justement, ce serait de fermer les yeux à la monstruosité de l’âme humaine qui nous rendrait monstrueux en fait.
Alors après il y a l’idée de se délecter de la barbarie ou de la monstruosité au point de la chercher en vrai, parce que dans les films c’est comme si c’était fait en vrai. S’en délecter au point de la chercher en vrai, c’est autre chose. Moi là je parle de l’art, regarder les films ce n’est pas comme regarder un assassin qui tue quelqu’un en vrai.
C’est beaucoup trop facile de dire que nous sommes des monstres si l’on regarde des films/séries sur les serials killers.
Interviewé par Adrien LAGRANGE
