Conglomérat principal de Humbépaire : 3. Description
La géologie du site.
L'affleurement est principalement constitué de Conglomérat principal. Celui-ci surmonte environ deux mètres de Grès vosgien. Ces deux formations caractérisent le Buntsandstein (Trias inférieur) des Basses Vosges ou Vosges gréseuses.
Position stratigraphique des roches de Humbépaire, dans le Buntsandstein.
L'affleurement : à la base le Grès vosgien ; le Conglomérat principal dans les deux tiers supérieurs.
Le Grès vosgien est un grès feldspathique à ciment silico-ferrugineux. C'est à ce ciment qu'il doit sa couleur rose. Il présente des passées riches en galets arrondis, ce qui en fait alors un grès conglomératique.
Le Conglomérat est composé de galets siliceux fortement émoussés (quartz filoniens, quartzites, lydiennes, etc...) noyés dans une matrice arénitique semblable au grès vosgien. La morphologie des galets permet de le classer dans les poudingues.
Le passage Grès vosgien / Conglomérat principal est progressif. Le poudingue peut être sommairement décrit comme "du Grès vosgien chargé en galets" (J. Perriaux, 1961).
Les tables de conglomérat forment des corniches au dessus du grès plus sensible à l'érosion : érosion différentielle entre les deux roches.
Grès comportant des niveaux conglomératiques et poudingue à matrice gréseuse. Noter l'érosion différentielle.
Le grès se présente sous forme de bancs épais, à base érosive, constitués principalement de faisceaux à litage oblique. Les bancs de conglomérat sont généralement moins épais et certains présentent aussi des litages obliques. L'inclinaison des lits permet de retrouver l'orientation des paléocourants de dépôt : sensiblement du sud-ouest vers le nord-est.
Litages obliques dans le grès. Remarquer la surface érosive convexe à la base du banc du milieu.
Les matériaux qui constituent le grès et le conglomérat proviennent des reliefs hercyniens qui subsistaient au Trias inférieur à l'ouest et au sud du bassin de sédimentation. De grands fleuves s'écoulaient vers la Mer Germanique située à l'est.
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- Sur les dépôts continentaux du Trias, consulter l'annexe Sédimentation continentale au Permien et au Trias.
- La fiche Buntsandstein Château du Haut Barr décrit les deux formations et le passage Grès vosgien / Conglomérat principal.
Sol, sous-sol et végétation
Sur la dalle de conglomérat pousse essentiellement le pin sylvestre : le sol est peu épais, les conditions climatiques et l'exposition nord sont défavorables aux autres espèces. Seul un chêne s’est enraciné dans une fissure de l’affleurement. Sur le chemin qui longe les affleurements, le sol s’approfondit progressivement, la végétation devient plus diversifiée, composées de chêne surtout, charme, épicéa, sapin …, et les arbres sont plus haut.
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- Sur les relations sous-sol – sol – végétation : consulter l’ Annexe 1.
Roches, eau et érosion
Texte extrait de "Géologie en Lorraine" Bernard et Christiane Haguenauer, Editions Mars et Mercure 1980.
"Par la texture quartzitique de sa matrice, le conglomérat principal n’absorbe pratiquement pas l'eau et n'est donc pas gélif. L'eau stagne sur les tables ou s'infiltre dans les fractures.
Lorsqu'une table présente une surface importante sans fracture, l'eau stagne, après la fonte des neiges ou en période pluvieuse, ruisselant par dessus bord, et une hydromorphie temporaire s'installe ; en période sèche, en revanche aucune réserve d'eau ne subsiste.
Ces conditions hydriques sévères éliminent la plupart des essences forestières caractéristiques des Basses Vosges, permettant uniquement l'installation de pins. (quelques éléments d'écologie forestière en Annexe 1)
L'eau qui chemine dans les fractures alimente le grès vosgien sous-jacent. Par temps froid, l'eau contenue prend en glace ; l'augmentation de volume de l'eau entraîne la rupture des points de soudure et la roche, altérée, livre un matériau meuble au ruissellement des eaux ; ceci dégage les tables et les surplombs qui finiront par s'écrouler à leur tour sous l'action des poussées exercées dans le réseau de fracture qui débite le conglomérat.
La texture et la structure du conglomérat et du grès sous-jacent permettent donc de comprendre comment à l'échelle d'une corniche, l'érosion du conglomérat est en retard par rapport à celle du grès vosgien.
A l'échelle de la couche de conglomérat, la distribution granulométrique des galets et des graviers dessine un ensemble complexe de corps sédimentaires emboîtés que l'érosion dégage, créant des rainures au niveau des lits les plus vulnérables. Texture et structure expliquent donc aussi les différences d'effet des agents d'érosion sur le conglomérat principal lui-même."
Auteurs : Roger CHALOT - Henry SION - Date de création : 28/12/2020 - Dernière modification : 13/01/2021