Musée National des Mines de Fer Luxembourgeoises : 3. Description
Contexte et déroulement des visites
Le Musée National des Mines de Fer Luxembourgeoises ("MNM") retrace l'histoire de l'âge d'or (1850-1970) de l'exploitation d'un minerai de fer d'origine sédimentaire : la minette (un calcaire à ooïdes ferreuses lui valant le nom d'oolithe ferrugineuse (fig.3), bien connue et extraite également en Lorraine (voir les fiches d'Hussigny-Godbrange, de Neufchef, de Neuves-Maisons, de Differdange ou l'annexe scientifique consacrée).

Fig.3 : Échantillon de minette ou oolithe ferrugineuse
Sur le territoire du "Minett" ou des "Terres rouges" (nommées en raison de la couleur du sol due à la présence du fer) du Luxembourg méridional, les gisements de minette étaient d'abord entrepris en galeries souterraines avant que leur exploitation ne se poursuive ou ne soit complétée en carrières à ciel ouvert. L'ensemble de la commune de Rumelange repose intégralement sur le gisement ferrifère et a hébergé ces deux types d'exploitations.
Les couches sédimentaires (jusqu'à 60 mètres d'épaisseur) qui contiennent le minerai sont d'âge jurassique inférieur à moyen (fig.4). Elles s'intègrent dans un paysage de côte (cuesta) vallonné constituant, au-delà des frontières, la marge nord du Bassin parisien.

Fig.4 : Position stratigraphique du minerai de fer ou minette (illustration © BRGM 2010)
Le Musée des Mines de Fer présente l'environnement et les techniques d'extraction du minerai de fer (ou minette) à Rumelange, centrée sur la mine Walert, une des principales mines que comptait la cité autrefois (fig.5). Celle-ci incarne l'histoire économique et sociale locale (voir historique ci-après).

Fig.5 : Localisation des principales mines de fer et des hauts-fourneaux à Rumelange dans les années 1950
Plusieurs formules de visites sont proposées (voir site web du MNM), avec ou sans guide. Dans ce dernier cas, la visite se limite à un parcours en petit train à travers les vestiges d'une ancienne exploitation à ciel ouvert puis dans les galeries souterraines. Le convoi emprunte l'ancienne entrée Kirchberg du tunnel (fig.6 et 7) qui permet de rejoindre la mine Walert.

Fig.6 : L'entrée Kirchberg du tunnel menant à la mine Walert - fin du XIXème siècle ou début du XXème siècle (crédits photo : www.industrie.lu)

Fig.7 : Petit train du Musée des Mines sortant du tunnel Kirchberg et de la mine Walert
D'une durée de deux heures, la visite guidée comprend le circuit en petit train complété par un parcours à pied d'un kilomètre, à 80 mètres sous terre (T° 10°C), à l'intérieur des galeries de la mine. Une quarantaine de chantiers ont été reconstitués et illustrent l'évolution des conditions de travail des mineurs et les diverses techniques et machines utilisées à différentes époques (fig.8). Chaque visiteur est muni d'un casque fourni par le MNM.

Fig.8 : Intérieur d'une galerie de la mine Walert (crédit photo : minettrail.lu) - voir un reportage photo de l'intérieur actuel de la mine Walert : https://portfolio.orguerra.com/la-mine-de-rumelange
Pour les enfants de 6 à 14 ans, des visites interactives (pédestres uniquement) constituent une offre supplémentaire : "les enfants sont rendus acteurs de leur visite, percent, cassent du minerai, poussent un wagonnet et assistent à des explosions simulées."
Le parc extérieur autour du bâtiment d'entrée du musée ainsi que l'ancien carreau de la mine Walert et ses bâtiments, situés un peu plus loin, après l'aire de jeux (voir plan fig.1), sont en accès libre : on peut y découvrir différents outils, machines, véhicules, etc. (fig.9) qui ont servi à l'exploitation de la minette ainsi qu'une exposition permanente qui retrace l'épopée du fer luxembourgeois.



Fig.9 : Véhicules / machines d'exposition dans le parc du MNM (convoyeur aérien, locomotives et wagons de tailles variées à bascule latérale, foreuses tractée ou automotrice, chargeur pivotant)
Le versant opposé du vallon du Langengrund en face (au nord) du musée (voir fig.1), donne la possibilité de compléter la visite par une balade autour du Hutbierg (ou Hutberg), là où se trouvait la dernière mine à ciel ouvert en activité à Rumelange, jusqu’en 1978 (fig.10). "Différents sentiers sont aménagés sur les terrasses de l’ancienne mine et permettent de voir les divers stades de la renaturation d’une mine abandonnée." Le minerai du Hutbierg était transporté par funiculaire jusqu'aux hauts-fourneaux de la ville (fig.11).
Situé à une vingtaine de kilomètres, en complément de la visite de la mine de Rumelange, le circuit balisé géologique du Giele Botter, à travers un site d'exploitation de minette à ciel ouvert désaffecté, mérite le détour (voir la fiche Differdange sur ce site)

Fig.10 : Exploitation à ciel ouvert du Hutbierg (Hutberg) dans les années 1940-1950 (crédits photo : www.industrie.lu)
Historique de la mine Walert (document complet en téléchargement sur le site web du musée) :
- La concession de la mine Walert est accordée le 6 mai 1898 à la Société des Hauts Fourneaux de Rodange pour 44,5 hectares.
- Cette étape est suivie d'une période de travaux d'aménagement de la future mine qui aboutit à l'autorisation d'exploitation en 1904.
- En 1925, la mine est modernisée et électrifiée pour améliorer les conditions de travail.
- Les tentatives de mécanisation de l'exploitation, au début des années 1960, échouent en raison de la géologie de la mine : les deux couches de minette exploitées (i.e. la "couche jaune" supérieure et la "couche grise" inférieure) étant trop proches l'une de l'autre, les vibrations générées par les nouveaux engins de chargement provoquent des éboulements du toit de la couche grise impactant les galeries en activité. Le chargement du minerai reste donc manuel, occasionnant une perte de productivité dans un secteur devenu fortement concurrentiel.
- La mine ferme officiellement le 31 décembre 1963, malgré des réserves d'un million de tonnes.
- La fermeture est due à un manque de rentabilité et à la qualité inférieure du minerai.
- La ville de Rumelange en subit des conséquences économiques, d'autant que toutes les autres mines (dont certaines à ciel ouvert) que comptait la cité, connaissent le même sort tour à tour (fermeture de la dernière mine en 1978).
- Le carreau et des galeries de la mine Walert sont réaménagés et le site devient, à partir de 1973, le Musée National des Mines (de Fer Luxembourgeoises) ou "MNM". Les hauts-fourneaux qui étaient implantés avenue de la Gare (aujourd'hui rue de l'Usine), au nord de la ville (fig.11), ont progressivement été démantelés à partir des années 1960.

Fig.11 : Les hauts-fourneaux de Rumelange dans les années 1910 (carte postale ancienne)
En plus de la valorisation de son patrimoine minier, Rumelange abrite aujourd’hui des industries modernes, impulsées par son passé sidérurgique[1] : une cimenterie (Cimalux) valorisant notamment le recyclage des laitiers (sous-produits hérités de l'industrie métallurgique) dans la fabrication des ciments. La cimenterie produit également le clinker Portland, mélange de matières premières minérales naturelles et artificielles, nécessaire à l'élaboration des ciments (voir fiche Xeuilley). Une partie des ressources minérales naturelles provient des calcaires jurassiques issus des carrières du Pays Haut lorrain (voir la fiche sur la carrière d'Ottange-Rumelange). Implantée à l'ancien emplacement des hauts fourneaux, l'entreprise Vossloh Cogifer Kihn est une forge locale historique (créée en 1893), reconvertie, qui construit dorénavant des aiguillages de rails de haute technicité pour les tramways du monde entier.
[1] : source : https://gemengen.lu/web/2009/09/07/rumelange/ (consulté le 21 août 2025).
Ressources consultées (21 août 2025).:
Site web du MNM : https://mnm.lu/
Site web sur le patrimoine industriel luxembourgeois - compilation très riche de documents et photos d'archives : https://www.industrie.lu/fr/
Site web Orguerra (pour les photographies souterraines) : https://orguerra.com/
Auteurs : Didier ZANY - Philippe MARTIN - Date de création : 13/08/2025 - Dernière modification : 06/10/2025

