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Remiremont - circuit urbain : 3. Description

- 1(D) : DEPART : Calvaire au-dessus du Champ de Mars

Fig.4 : Vue sur Remiremont et vers l'est depuis le calvaire - cliquer sur l'image pour obtenir une lecture du paysage

Les composantes du paysage autour de Remiremont peuvent être décrites depuis le calvaire grâce à une vue panoramique qui s'étend vers l'est (fig.4). La cité est implantée sur le piémont du Massif vosgien, dans la vallée de la Moselle, à sa confluence avec la Moselotte qui vient de l'est. Compte-tenu de celle, modeste, du lit mineur des cours d'eau, la largeur exceptionnelle des vallées à fond plat de la Moselle et de la Moselotte s'explique par l'action érosive des glaciers qui occupaient ces vallées, lors des épisodes froids du Quaternaire (glaciations d'Épinal, d'Arches et de Noirgueux dans l'ordre chronologique). Les traces laissés par les glaciers sont par ailleurs assez nombreuses dans le périmètre de Remiremont (voir une carte de répartition ICI). Durant le dernier épisode de glaciation, le glacier de la Moselle a également profondément entaillé le plateau de la Niche à l'ouest de Remiremont, abandonnant quelques moraines frontales encore préservées (Haumantarde, Feignes-Galland ou La Demoiselle). Lors du retrait du glacier, les eaux de fonte ont généré des petits deltas qui alimentaient des poches lacustres où s'accumulaient des sédiments fluvio-glaciaires (notés GL sur la carte géologique), aujourd'hui exploités dans la carrière de Charate au pied du Parmont.

Dans la vallée de la Moselle, en aval de Remiremont, la moraine de Noirgueux (notée G sur la carte géologique et fig.5) qui marque l'extension maximale du glacier lors de la dernière glaciation, constituait la retenue d'un grand lac en amont (= paléo-lac de Remiremont) qui s'est progressivement comblé de sédiments fluvio-lacutres (jusqu'à 25 mètres d'épaisseur - notés FLy sur la carte géologique), lors de la fonte des glaciers de la Moselle et de la Moselotte. La Moselle s'est ensuite enfoncée dans les sables de ce remplissage en édifiant des terrasses fluviatiles (Fy sur la carte géologique), aujourd'hui situées à une quinzaine de mètres au-dessus de la plaine alluviale actuelle. La ville de Remiremont repose en grande partie sur ce substratum glacio-lacustre (J.-C. Flageollet, 2003).

Fig.5 : Extension des glaciers (Moselle, Moselotte, Vologne) dans la région de Remiremont-Gérardmer au cours de la dernière glaciation wechsélienne ou glaciation de Noirgueux (équivalent du Würm) pour les Vosges - en rouge, les moraines frontales (d'après D. Harmand, 2011).

Vers l'est, au-delà de la confluence, la rive droite de la Moselotte est bordée par les reliefs remarquables du Massif forestier du Fossard duquel se détache la pyramide du Saint-Mont (emplacement originel de la cité romarimontaine fondée en 620). En rive gauche, derrière Dommartin, se dresse la colline du Bois des Hats. À l'arrière plan, le coude de la Moselotte devant Vagney annonce l'entrée dans le Parc Naturel Régional des Ballons des Vosges, marquée par ses premiers sommets, Chèvre-Roche (826 m) et Lémont (749 m). Les sommets du Fossard et des reliefs alentours sont généralement plats : il s'agit de la surface d'érosion de la chaîne varisque, portée à l'affleurement suite à la combinaison de deux événements : le soulèvement du Massif vosgien, conséquence des mouvements alpins au Cénozoïque, et le décapage de sa couverture sédimentaire mésozoïque qui s'en est suivi. Sous cette surface d'érosion, on rencontre les terrains du socle continental paléozoïque, hérités de l'orogenèse varisque ou plus anciens : roches métamorphiques, roches magmatiques plutoniques (gneiss, migmatites, serpentinites, granites…) qui affleurent dans le Massif du Fossard, au-dessus desquelles, par endroits seulement (partie orientale du Fossard, Bois des Hats, Chèvre-Roche...), subsistent et reposent en discordance sur le socle, les premières couches de roches sédimentaires permo-triasiques (grès, conglomérats…).

L'histoire géologique et la géomorphologie du Massif vosgien autour de Remiremont répondent donc à une série d'épisodes géologiques qui se sont succédés au cours du temps (voir aussi l'annexe scientifique "Géologie de la Lorraine") :

  • cycle et chaîne varisques ou hercyniens - au cours du Paléozoïque, collision polyphasée des masses continentales de la Laurussia (au nord) et du Gondwana (au sud) dont une des sutures (éo-varisque) correspond à la faille de Lalaye-Lubine dans les Vosges - voir la fig.91 de l'article de M. Faure, 2021 - site planet-terre.ens-lyon.fr (NB: localisé au sud de cette suture, Remiremont est donc positionné sur la partie "gondwanienne" - dite aussi "moldanubienne" - des Vosges) ;
  • érosion de la chaîne à la fin du Paléozoïque et intermède sédimentaire téthysien (Mésozoïque) ;
  • cycle alpin et surrection du massif accompagnant la formation du fossé rhénan (Cénozoïque) ;
  • glaciations (Quaternaire).

- 2 : Roche d'Arma

Affleurement naturel du granite de Remiremont (fig.6).

Fig.6 : La Roche d'Arma, affleurement naturel de granite de Remiremont

Pétrographie : granite clair (= leucogranite) à grain fin à deux micas, d'aspect saccharoïde ; sa composition minéralogique, caractéristique d'un granite "vrai", est dominée par le feldspath plagioclase (40%), quartz et orthose sont en quantités égales (env. 25%) et les micas (biotite et muscovite) représentent moins de 10% de la roche.

Âge : granite varisque daté de 330 M.a. (Carbonifère inf. - fin du Viséen).

Origine : il résulte de la fusion anatectique de roches crustales préexistantes (migmatites de Gerbépal - voir la fiche de Saint-Amé), grâce à de fortes pressions et températures engendrées par les épaississements crustaux lors de l'orogenèse varisque à la fin de l'ère Paléozoïque.

Structures particulières :

Ce granite présente une fracturation importante due à des mouvements tectoniques inhérents à l'orogenèse alpine et au soulèvement du horst vosgien (ère Cénozoïque).

La morphologie dissymétrique de l'affleurement, débité en marches d'escalier face au Champ de Mars et plus émoussé du côté opposé, suggère que la Roche d'Arma, comme beaucoup de "chicots" rocheux des vallées de la région, est une roche moutonnée, façonnée par les glaciers qui occupaient le site et la vallée de la Moselle au cours des épisodes froids du Quaternaire (voir aussi les fiches de la Roche du Page à Xonrupt-Longemer ou des Roches du lac à Gérardmer). L'aspect poli / strié de la surface de la roche n'est plus très visible en raison de la végétation (graminées, mousses, lichens - fig.7) qui a recouvert et altéré l'affleurement (voir une proposition d'interprétation à partir d'une carte postale ancienne ICI).

Fig.7 : Surface de la Roche d'Arma initialement polie et striée mais altérée - cliquer sur l'image pour l'agrandir

Exploitation et utilisation : résistant à l'altération, le granite de Remiremont a connu une exploitation considérable pour la production de pavés, jusque dans les années 1930, dans la région de Saint-Amé (voir la fiche sur les Grandes carrières de Saint-Amé) ; quelques uns de ces pavés ont été utilisés pour les bordures du chemin passant au pied des affleurements de la Roche d'Arma (voir encadré de la fig.6).

 

- Entre 2 et 3 : Bordures et dalles de trottoirs

Les bordures et certaines dalles de trottoir du centre historique de la ville proviennent du granite des Crêtes, fréquemment utilisé pour la voirie et le mobilier urbains (fig.8).

Pétrographie : le granite des Crêtes est une roche à texture grenue, sombre, porphyroïde à grands cristaux blancs rectangulaires de feldspaths alcalins (40%) plus ou moins orientés, accompagnés de quartz (15%), de feldspaths plagioclases (15%) et de ferro-magnésiens : biotite Mg (20%) et amphibole en prismes allongés (10%). On peut aussi le qualifier de syéno-granite.

Âge : granite varisque daté de 340 ± 1 M.a. (Carbonifère inf. - début du Viséen).

Origine : granite métalumineux Mg-K (= magnésio-potassique) d’hybridation entre un magma profond à composante mantellique (signature Mg) et un magma crustal (signature K), mis en place précocement dans le contexte de collision lié à l'orogenèse varisque.

Exploitation et utilisation : carrières Petitjean de La Bresse, en dessous du col de Grosse Pierre (voir la fiche sur le Granite des Crêtes). Les granitiers distinguent la variété "bleue" décrite ici et la variété "noire", plus riche en minéraux ferro-magnésiens et à plagioclases de couleur saumon.

Dans les rues du centre ville, pour les dalles de trottoir, le granite des Crêtes est associé au granite de Senones (plus clair et teinté de rose) également exploité par la graniterie Petitjean.

Pour les bordures de trottoir, le granite des Crêtes est parfois suppléé par le granite du Tholy (dit "Bouvacôte" - voir la fiche sur la Grande Cascade de Tendon) qui s'en distingue par l'orientation des grands cristaux blancs rectangulaires de feldspaths (fig.8).

Fig.8 : Bordure en granite Bouvacôte et dalles de trottoir en granite des Crêtes (foncé) et granite de Senones (clair)

 

- 3 : Borne de rue

En dehors des granites vosgiens, quelques roches sédimentaires locales, notamment les grès fins provenant de la formation du Grès à Voltzia, ont été exploitées pour la construction ou les aménagements urbains.

Pétrographie : roche détritique de couleur variable (beige, verdâtre, rougeâtre) en fonction des dégrés d'oxydation, composée de minuscules grains de quartz (très résistant) de quelques dixièmes de mm de diamètre pouvant être associés à des feldspaths en plus ou moins grande quantité (passage vers un faciès d'arkose). Le nom Voltzia désigne un conifère fossile dont on trouve parfois des empreintes dans la roche.

Âge : Trias moyen / début de l'ère Mésozoïque ; Buntsandstein supérieur des Vosges = étage Anisien (env. 240 M.a.).

Origine : sédimentation deltaïque, alimentée par les produits de l'érosion des roches de la chaîne de montagne varisque érigée à la fin du Paléozoïque.

Exploitation et utilisation : parmi les grès triasiques du Massif vosgien (des plus anciens aux plus récents : Grès vosgiens, Couches intermédiaires et Grès à Voltzia), le Grès à Voltzia, appelé aussi "grès à meules" (pour avoir autrefois servi à la production de meules à aiguiser particulièrement dans la région de Darney) est le plus utilisé et prisé comme pierre à moellons pour le bâti (voir la fiche d'Adamswiller, celle de Niderviller ou encore celle de Frémifontaine).

La borne en grès, rue du général Humbert (fig.9), est une borne "chasse-roue". Au temps des véhicules hippomobiles, ces obstacles, en pierre ou en métal, protégeaient les arêtes de murs des maisons, des impacts causés par les roues de voitures (fiacre, chariot...).

Fig.9 : Borne de rue en grès à Voltzia (rue du Général Humbert face au Musée Charles-Friry)

 

- 4 : Vase monumental du Parc Monseigneur Rodhain (= Parc Zeller)

Par l'entrée nord du parc : un grand vase en granite « Rouge-Corail » de Senones (fig.10).

Pétrographie : le granite de Senones est un granite monzonitique (= proportions élevées et équivalentes en feldspaths alcalins et feldspaths plagioclases) de couleur rouge à gris-blanc, porphyroïde, caractérisé par la présence de grands cristaux de feldspath potassique (microcline - 27%) pouvant atteindre 2 cm ; amphibole (8%) et biotite (7%) sont les minéraux ferro-magnésiens qui accompagnent quartz (20%) et feldspaths plagioclases (37%). Il existe plusieurs variétés de granite de Senones dont les deux principales sont désignées sous les appellations "rouge-corail" et "feuille morte". Elles doivent leur nom à la couleur rouge du microcline dans la variété "feuille morte" et qui s'étend aux plagioclases et quartz dans le "rouge-corail" illustré ici.

Âge : granite tardi-varisque, daté de 325-328 M.a. environ (début du Carbonifère sup.).

Origine : granite calco-alcalin riche en potassium (= shoshonitique) des Vosges septentrionales, issu de magmas d'origine crustale mis en place lors des épisodes tardifs de la collision varisque.

Exploitation et utilisation : actuellement, la graniterie Petitjean de La Bresse et la Carrière du Vieux Moulin (groupe Lingenheld) sont les exploitants des deux principales carrières de granite près de Senones (voir la fiche sur le granite de Senones de la carrière Petitjean). Le granite de Senones est utilisé à diverses fins : pierres ornementales, granulats concassés, blocs (gabions) pour la consolidation des berges de rivière.

Historique : le vase du Parc Zeller, réalisé en 1907 pour le compte d'un industriel de Remiremont, témoigne du travail du "granit" à l'époque : façonnage à la main et au carborundum (= abrasif à base de carbure de silicium). L'œuvre a été rétrocédée à la famille ETIENNE-RIVOALLAN qui avait produit le monument puis à M. Pierre RIVOALLAN, petit fils d’Isidore ETIENNE qui en a fait don à la ville de Remiremont.

Fig.10 : Vasque monumentale du Parc Monseigneur Rodhain en granite de Senones (variété rouge corail)

 

- 5 : Glacière et dalles en variété « feuille morte » de Senones

Édifiée à une date inconnue, la glacière de la place de Mesdames est une longue cavité cylindrique verticale creusée dans le sol. Elle était destinée à conserver, tout au long de l'année, la glace naturelle dont on la remplissait chaque hiver pour les usages ménagers (conservation d'un poisson ou confection de desserts...). Une coupole en pierre de taille (grès) en obturait l'ouverture et les eaux de fonte s'écoulaient vers un puits perdu. Son utilisation a probablement perduré jusqu'à la reconstruction du palais abbatial, en 1752. Elle fut redécouverte en 1992 à l'occasion de travaux de voirie.

Aujourd'hui, une coupole de verre remplace le couvercle d'origine en grès, permettant ainsi d'apprécier la profondeur du puits. Des dalles en granite "feuille morte" de Senones décorent l'espace circulaire amènagé autour de la coupole (fig.11).

Fig.11 : La coupole de la glacière et les dalles en granite de Senones (variété feuille morte)

 

- 6 : Place de la Mairie

Les aménagements de la place de la Mairie (fig.12) présentent une diversité de roches issues de ressources locales (granite de Senones, granite du Tholy dit "Bouvacôte", granite des Crêtes) mais également plus exotiques, illustrant la mondialisation progressive du commerce des roches (granodiorite "Blanc Perle" du Portugal, granite "Olinda" et quartzite "Bleu Macauba" du Brésil...). Les moellons des murs de l'Abbatiale jouxtant la Mairie montrent l'utilisation des grès vosgiens pour le bâti historique ; on peut relever la présence de figures sédimentaires (litages obliques) révélant l'action de courants au moment de la sédimentation des sables devenus grès après diagenèse.

Fig.12 : Diversité de pierres ornementales autour de l'hôtel de ville - cliquer sur l'image pour l'agrandir

 

- 7 : Inclusions dans le Granite des Crêtes

À l’angle de la rue des Prêtres et de la rue Charles de Gaulle, le granite des Crêtes montre des « crapauds », horreurs des granitiers, régal des pétrographes (fig.13). Ce sont les enclaves à structures variées que l’on peut retrouver sur toutes les bordures et dalles de trottoirs de Remiremont. Elles sont le témoin de la préexistence d’une roche antérieure (roche encaissante) ou de résidus de fusion partielle (restites riches en minéraux ferro-magnésiens) .

Fig.13 : Enclave gneissique dans une dalle de granite des Crêtes (près de la Fontaine du Cygne)

 

8 et 9 : Fontaine du Cygne et Fontaine de l'Empereur

Remiremont est une ville d'eau, en témoignent les 18 fontaines (historiques et récentes) dont la ville est dotée (voir le circuit des fontaines proposé par l'Office de tourisme de Remiremont).

Place de la Libération : fontaine du Cygne (fig.14) avec oiseau en fonte et vasque en granite des Crêtes (classée à l'inventaire des Mounments historiques). Un des premiers travaux des granitiers des Vosges (établis depuis le XVIIIème siècle), la vasque a été réalisée sur le premier site du travail du "granit" aux Grands-Moulins à Saint-Etienne-lès-Remiremont grâce à l'utilisation de l’énergie hydraulique fournie par un canal de dérivation de la Moselle (qui existe toujours). La fontaine date de 1845 et a été déplacée sur son lieu actuel en 1852. La statue, cassée en 2000, a été reproduite à l'identique.

Fig.14 : La Fontaine du Cygne en granite des Crêtes

Rue Charles de Gaulle (n°129) - rond-point place Jules Méline : la Fontaine de l'Empereur (1829), une autre fontaine (fig.15) dont le socle et les vasques sont ici en grès fin (Grès à Voltzia).

Fig.15 : Fontaine de l'Empereur à double vasque en grès 

- 10 : Bordures de trottoir "à l'ancienne"

Les bordures de trottoir en granite des Crêtes ou en granite du Tholy (dit "Bouvacôte) de la rue Georges Lang (fig.16) ont été façonnées "à l’ancienne" ; elles sont en effet taillées, non pas sciées (cf. fig.8). Ce travail a été réalisé au début du XXème siècle. En terme de longévité, on peut estimer la durée de vie d’une bordure de trottoir en béton "de qualité" à 30 ans ; en granite taillé ou scié, cette durée est au minimum de 150 ans!

Fig.16 : Bordure de trottoir ancienne taillée (granite des Crêtes) - rue Georges Lang / rond-point place J. Méline

- 11 : Ancienne graniterie

Passage devant une ancienne graniterie (n°2 chemin de Heurtebise) dont les murs de soutènement sont constitués de toute une mosaïque de granites locaux ou importés (fig.17).

Fig.17 : Ancienne graniterie et détails de son mur de soutènement

 

- 12 : Cimetière, l'affleurement de migmatites

Dès l’entrée par le haut du cimetière (chemin de Heurtebise), sur la droite, on ne peut manquer le bel affleurement d’une migmatite (type « M2 » ou Mignatites de Gerbébal sur la carte de Remiremont - voir la fiche Saint-Amé) pouvant éventuellement montrer différents aspects de son évolution : paléosomes, leucosomes, granite de Remiremont (voir le panneau pédagogique Terrae Genesis au pied du Massif du Fossard à Saint-Amé). L'affleurement (fig.18) est intensément fracturé (structuration liée aux conséquences de l'orogenèse alpine).

Fig.18 : Affleurement des migmatites du cimetière

 

- 13 : Cimetière, le bloc erratique

Fig.19 : Bloc erratique de granite des Crêtes

Devant la colonne du monument aux morts à l'intérieur du cimetière, gît un bloc arrondi de granite des Crêtes d’environ 40 tonnes (fig.19). Le granite des Crêtes n'affleure pas à cet endroit mais plus au sud dans le Massif vosgien (voir l'extrait de la carte géologique ICI). Il s'agit donc d'un objet déplacé correspondant à un bloc erratique, transporté par les glaciers (s'écoulant depuis le sud) qui s'étaient développés dans la région, au cours des épisodes glaciaires du Quaternaire (fig.5 et 20) - voir aussi la fiche sur la Pierre du Chaud-Costet près du Tholy.

Fig.20 : Extension du glacier de la Moselle dans la région de Remiremont (plateau de la Niche) au cours de l'avant-dernière glaciation saalienne ou glaciation d'Arches pour les Vosges (d'après J.-C. Flageollet, 2003).

 

- 14 et 15 : Cimetière ancien

 

Fig.21 : Vue sur le cimetière ancien

Le cimetière ancien (fig.21) occupe la partie nord ou basse du cimetière de Remiremont. Il est séparé du cimetière plus récent par une place et un parking (rue du Cimetière) où est érigé le monument aux morts de la guerre de 1870 (socle en granite des Crêtes - variété "noire" à plagioclases rougeâtres).

Différents éléments constituent un monument funéraire (fig.22). Chacun d'entre eux peut être réalisé avec une même roche ou, au contraire, plusieurs types de roches associés.

Fig.24 : Différentes parties d'un monument funéraire (source : www.gpggranit.com)

Les pierres tombales les plus anciennes sont en grès blanc (Grès à Voltzia probable) ou en calcaire oolithique (fig.23) d'origine incertaine (série du Jurassique moyen lorrain ?), qui s’altère beaucoup plus facilement. Pour l'époque (XIXème siècle), ces roches étaient en effet faciles à travailler. Éventuellement, des plaques en marbre de Carrare ont servi pour la gravure des noms des défunts.

Fig.23 : Stèle de tombe israélite en calcaire oolithique

On retrouve ici tous les granites déjà rencontrés dans les rues de la cité, auxquels s'ajoutent d'autres variétés pétrographiques (voir la liste - non exhaustive - ci-après).

D'extraordinaires bâtiments funéraires (chapelles - fig.24) démontrent la très grande maîtrise des granitiers. La plupart des matériaux utilisés pour les sépultures proviennent majoritairement de roches locales, sinon françaises (Vosges, Bretagne, Tarn).

 

Fig.24 : Une sépulture monumentale (caveau famillial de la Famille Flayelle) en granite des Crêtes (enclaves basiques ou "crapauds" en bas à droite)

Quelqules roches des monuments funéraires du cimetière ancien :

Grands monuments funéraires :

- Arrivée - 16 : Cimetière actuel

Fig.25 : Entrée du cimetière actuel (chemin de Heurtebise)

Le cimetière actuel (fig.25) constitue la partie sud du site, comprenant une entrée par le chemin de Heurtebise. L'art funéraire se diversifie avec l'apparition de nouvelles roches sur un marché mondialisé, entre autres, du gabbro ou "granit noir" d'Afrique australe, des "granits flammés" (migmatites) (fig.26) de Russie, d'Amérique du Sud (Brésil), ainsi que de nouvelles techniques de travail de la roche (machines à commande numérique capables de reproduire des courbes, des dépolis, des évidements…).

Fig.26 : Stèle de tombe en "granit" flammé (migmatite)

 

Ressources bibliographiques et sitographiques

DELANGLE C., DECOBECQ D. & DESCHAMPS M. (2016) - Vosges - coll. guides géologiques. Omniscience - BRGM éd., 256 pages.

DELANGLE C. (2019) - La graniterie de Pont de Miellin. Centre de géologie Terrae Genesis- 88120 Le Syndicat. - lien de consultation.

DEQUINCEY O. et ESCUYER C. (2015) - Excursion sur le paléovolcan du Rossberg (Alsace), coulée prismée et « porphyre vert antique ». https://planet-terre.ens-lyon.fr - lien de consultation (consulté le 22-08-2023).

FAURE M. (2021) - La chaîne varisque en France, un édifice multi-collisionnel et poly-cyclique. ISSN 2552-9250, https://planet-terre.ens-lyon.fr/ressource/geoportail-infoterre.xml - lien de consultation (consulté le 22-08-2023).

FLAGEOLLET J.C. (2003) - Sur la trace des glaciers vosgiens, CNRS éd., 212 pages.

HARMAND D. coord. (2011) - La vallée de la Cleurie revisitée 150 ans après Xavier Thiriat. Actes du colloque universitaire du Tholy (20-21/09/2008). Association des Amis de la vallée de Cleurie, 283 pages.

TABAUD A.S. (2012) - Le magmatisme des Vosges : conséquence des subductions paléozoïques (datation, pétrologie, géochimie, ASM). Thèse de Doctorat, Université de Strasbourg, EOST, 231 pages. - lien de consultation.

Notice de la carte géologique à 1/50 000 de Remiremont (n°376) - BRGM éd., 48 pages. - lien de consultation.

Le développement du travail du granit dans les Vosges - Terracom 39, juin 2019 - Centre de géologie Terrae Genesis- 88120 Le Syndicat. - lien de consultation (consulté le 22-08-2023).


Auteurs : Didier ZANY - Philippe MARTIN - Cyrille DELANGLE - Date de création : 21/07/2011 - Dernière modification : 17/05/2024

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