De très bonnes ondes.
La compagnie trois-six-trente est venue présenter son spectacle « Longueur d’ondes » dans l’amphithéâtre du lycée. La compagnie a fêté la 100ème à 10h au lycée….7 classes sont venues pour assister aux 3 représentations évoquant, avec une certaine résonance sur l’actualité sociale, la radio libre « Lorraine Cœur d’Acier » qui émettait à Longwy en 1979, au cœur du bassin sidérurgique.
Comme l’annonçait le journaliste Marcel Trillat en mars 1979 : « Lorraine Cœur d’Acier est une radio créée par la C.G.T. et mise à la disposition de toute la population de Lorraine, en lutte pour défendre ses emplois, son patrimoine industriel et humain. »
Radio destinée à être le média du combat des ouvriers pour préserver leurs emplois et leur dignité, mais elle a transcendé cette lutte pour devenir une radio véritablement « libre ». La population s’en est massivement emparée pour s’y exprimer, elle l’a forgée avec une humanité rare, elle l’a défendue avec détermination et force face au cynisme. Cette radio a incarné la beauté d’une insoumission collective par la parole et la pensée. Une expérience démocratique fondatrice pour bon nombre de personnes.
La forme du spectacle est inspirée d’un art du conte très populaire au Japon : le Kamishibaï, littéralement « pièce de théâtre sur papier » avec 173 images se glissant tout au long du spectacle.
Marcel Donati, Sidérurgiste : « La radio, elle permet quoi justement ? Elle permet à l’homme de retrouver… son identité Moi j’suis lamineur, moi à l’usine. Moi on m’a appris qu’à faire des barres, qu’à laminer des barres, laminer des barres, laminer des barres. Bon. À un moment donné, par exemple, j’écrivais. Je mettais des manifestes à l’intérieur des panneaux d’affichage. Je sentais qu’les travailleurs appréciaient. Des lamineurs comme moi. Bon ils appréciaient, c’était des manuels comme moi. Des ouvriers comme moi. C’est tout j’m’adressais qu’à eux. … Et puis tout d’un coup avec la radio, les intellectuels que je détestais – parce que j’ai toujours dé- testé les intellectuels – Tout d’un coup y a eu la radio, cette confrontation avec les intellectuels – confrontation, je dirais même violente à un moment donné – violente à propos des terme employés – Et on m’a découvert que j’étais un intellectuel comme eux ! C’est quand même grave. C’était important et grave à la fois pour moi – la démarche que j’avais vis à vis des travailleurs c’était une démarche intellectuelle, tout en étant travailleur, tout en étant manuel. Mettre des mots un au bout de l’autre et intéresser par exemple un journaliste, moi ça m’était pas venu à l’esprit. C’était impossible pour moi. Discuter avec un journaliste, discuter avec un instituteur, discuter avec un toubib, c’était impossible. Je croyais impossible. Pis ça s’est réalisé. Alors c’que je suis convaincu c’est que, eux ils ont fait l’opération inverse aussi, c’est qu’ils ont su justement mettre un p’tit peu l’oreille près du cœur des travailleurs. Et ils se sont aperçus que les travailleurs n’étaient pas non plus des… des bêtes à produire. Ils savaient réfléchir les travailleurs, ils savaient penser aussi. Et ça c’est le résultat de la radio.«
Bérangère Vantusso : mise en scène / Paul Cox : mise en images
avec Hugues De La Salle, Marie-France Roland
Guillaume Gilliet : collaboration artistique.
La venue du spectacle s’est faite par le financement de la Région Grand Est.