Entendre autre chose que le sens…

Ce vendredi 19 mai, Antoine Mouton, poète dans l’âme et libraire dans la vie, est venu, au CDI, nous parler des « choses d’aujourd’hui » comme il dit…. Puisque telle est la mission du poète  « d’aujourd’hui ».

Debout face aux élèves de seconde 3, il déclame, récite, scande dans un rythme effréné puis une rupture, une pause, un silence. « je lis vite mais je parle lentement ».Les rimes se mêlent aux assonances et autres allitérations, les vers sont ponctués, accompagnés d’une gestuelle quasi musicale.

Cette cadence, il l’explique : « il ne faut pas s’arrêter sur le sens, ne pas être dans une explication. Il faut laisser les phrases cohabiter sans la règle, qu’on entendre autre chose que le sens ». L’idée étant, en fait, de ne pas forcément tout comprendre. Pour lui, la pensée est comme les mots, le poète et le poème s’accompagnent mutuellement et pas nécessairement, fatalement, de façon ordonnée. Phrases et vers doivent cohabiter ensemble.

Au fil des lectures, essentiellement tiré de son dernier ouvrage « Chômage monstre »,  l’originalité d’écriture, le pittoresque d’Antoine fait mouche auprès des élèves : un poème laissé au coin d’une table pour un  « café volé » ou encore le texte, puisqu’il préfère parler plus généralement de texte, « J’ai couru » lu quasi d’une seule respiration, haletante et scénographique, sans ponctuation, sans signe, pour ne pas s’arrêter.

En guise d’épilogue, Il résume parfaitement les raisons qui poussent à mettre en mots, en tout cas qui le poussent dans cette direction : « C’est compliqué de désirer un état, on désire un verbe : ECRIRE ! ». Concernant le sempiternel message d’un texte, il serait préférable de prendre celui qui nous parvient.

Même si « la parole est une façon de faire taire l’autre« , les échanges entre le poète et les élèves ont été nombreux et d’une très grande qualité.