TraAM 2025 : maîtrise de la langue et numérique – Séverine AUER

“Liberté, égalité, fraternité : la voix des autres” : engager l’élève dans l’écriture d’un texte choral, et corriger la parole portée, sans la trahir, avec des outils numériques.

Corriger les erreurs d’un autre élève est-il plus motivant que corriger ses propres erreurs ?

Objectifs pédagogiques :

  • Mobiliser des compétences orthographiques et syntaxiques pour identifier et corriger des erreurs de langue.
  • Respecter les choix d’un auteur qui n’est pas soi, et travailler, en mixité, avec un élève non choisi.
  • S’engager dans un travail quand il n’y a pas de note de langue en jeu.

Compétences linguistiques (domaine 1 du socle) : Comprendre le fonctionnement de la langue : connaître les différences entre l’oral et l’écrit ; consolider l’orthographe lexicale et grammaticale. Comprendre et s’exprimer à l’oral : participer de façon constructive à des échanges oraux ; exploiter les ressources expressives et créatives de la parole. Corriger toutes sortes d’erreurs commises par des élèves du collège (syntaxe, orthographe, conjugaison, oublis de mots) au moment de répondre à un sondage, et respecter les intentions d’un auteur qu’on ne connait pas.

Compétences méthodologiques (domaine 2 du socle) : Coopération et réalisation de projets, outils numériques pour communiquer et devenir autonome dans la correction.

Compétences collaboratives (domaine 3 du socle) : Travailler en binômes mixtes. Capacité à justifier ses choix, à s’insérer dans des controverses en respectant les autres ; la capacité à vivre et travailler dans un collectif. Ethique : respect du travail collaboratif mené sur Digidoc, où n’importe quelle personne connectée peut modifier ou supprimer le travail déjà réalisé par d’autres, ou tenir des propos incorrects.

Outils :

Séquence Liberté, égalité, fraternité : la voix des autres : contexte et descriptif

Contexte

Le projet est mené sur une année scolaire, avec une 4e en REP+, où le travail en mixité est particulièrement difficile à obtenir. Au cours de l’année 2023/24, les élèves du collège sont interrogés sur l’égalité Filles-Garçons au collège. En 2024/2025, une classe de 4e s’engage dans l’écriture une pièce de théâtre choral à partir du matériau brut que constituent les propos recueillis. Les élèves placent leurs compétences au service de « La voix des autres » et s’engagent à la respecter.

Le travail d’écriture consiste à lire, comprendre, interpréter les propos, et à les organiser autour d’une trame narrative, en respectant au plus près « La voix des autres » (titre donné au texte). La posture de la classe est donc de se mettre au service de.

Seules les étapes de correction de la langue sont décrites ici. Elle intervient lorsque le texte est composé. Le projet d’enseignement consiste à corriger les erreurs sans réécrire la pensée des élèves sondés.

Prérequis : les élèves ont déjà fréquenté un logiciel de traitement de texte en ligne et s’exercent régulièrement à la saisie au clavier. Les élèves ont appris à trouves des documents sur l’ENT de la classe, dans un Dossier Partagé.

Séance 1 : débat linguistique. Objectif : définir les caractéristiques d’une écriture de style oral. Cette séance prend appui sur le texte, et porte sur la nature des corrections à apporter : les normes d’accord sont impérativement respectées, mais le choix de certaines formulations relève d’un arbitrage et fait l’objet de débats linguistiques en classe, comme ne pas rétablir l’inversion sujet-verbe dans les questions, le discordantiel “ne” dans les négations, ou conserver l’acronyme « JSP » pour « Je ne sais pas », par exemple.

Séance 2 : correction sur support numérique. Objectif : gagner en autonomie dans la correction de la langue. Cette séance est menée lorsque deux professeurs encadrent la classe, en cointervention.

Des binômes mixtes, et de même type de difficulté en langue, se voient confier, chacun, une portion différente du texte. La longueur de l’extrait et la nature des erreurs est adaptée aux compétences des élèves. Chaque binôme corrige les erreurs sur un support de travail collaboratif, Digidoc. Les consignes se trouvent sur un fichier déposé dans leur Dossier de classe sur l’ENT du collège : il contient un lien vers chaque digidoc, ainsi qu’une série de liens vers des explications et exercices (ça ou sa, conjugueur…). S’y trouve enfin prompt pour copier le texte après correction, et demander à l’IAG de montrer les erreurs résiduelles, sans les corriger. Différenciation : à mesure que les binômes corrigent ou oublient des erreurs, les professeurs connecté au Digidoc peut communiquer avec les élèves et leur donner des indications.

Séance 3 : lecture oralisée. A l’issue du travail, chaque extrait est rassemblé sur un dernier Digidoc. Chaque binôme rend compte de sa correction à l’ensemble de la classe par une lecture oralisée du texte corrigé, et projeté à tous. Toute correction peut engager un débat.

La difficulté est multiple : travailler avec un élève d’un qu’on n’a pas choisi comme binôme. Surmonter ses représentations et identifier des erreurs sur un support légitimé en apparence par sa forme numérique. Corriger correctement les erreurs. Dans un second temps, les erreurs restantes – ou créées – sont indiquées par le professeur sur le digipad : il est plus facile pour le professeur de consulter les divers documents et en surlignant les erreurs restantes depuis son bureau.

La suite de la séquence consiste à répartir les propos parmi les élèves et à préparer la lecture chorale de ce texte.

ANNEXES : documents de travail et progression des corrections

Feuille de consignes à trouver dans le Dossier Partagé

 

Copie d’écran d’un extrait du sondage sur la relation filles-garçons

Copie d’écran d’un document collaboratif, début de séance :

Copie d’écran d’un document collaboratif, fin de séance :

Extrait vidéo : évolution de l’un des documents collaboratifs.

 

 

ANNEXES : évaluation du travail collaboratif

C’est cette grille qui permet d’évaluer la pertinence du travail de correction. Les élèves la connaissent depuis le début de l’année et ont appris à s’autoréguler en l’utilisant.

La performance de correction est évaluée dans la première ligne.

L’engagement collaboratif est évalué dans la troisième ligne.

L’autonomie dans l’accès aux ressources en ligne est évaluée dans la dernière ligne.

Bilan et recul réflexif

Sur les démarches collaboratives :

Plusieurs phases du travail engagent une démarche collaborative, d’une part parce que les salles informatique ne contiennent pas suffisamment de postes, mais aussi parce qu’accepter l’autre tel qu’il est fait partie des valeurs portées par cette séquence. Travailler en groupes mixtes, négocier ne correction, mais aussi chercher voire demander de l’aide sont des compétences évaluées.  Donner l’habitude de cette évaluation aux élèves permet de les sécuriser, et leur fait accepter plus facilement les prises de risque que constituent le travail avec une fille ou un garçon, et la tâche de correction.

Sur le plaisir, la curiosité et l’ambition des élèves :

Les élèves sont engagés dans la correction des erreurs des autres avec davantage de motivation que lorsqu’il s’agit de leurs erreurs, d’une part parce que la correction des erreurs n’est pas un but en soi, mais sert la cause portée par le texte, d’autre part, parce que les élèves ne voient pas dans les erreurs de leurs camarades le miroir de leurs propres difficultés.

Pour conclure,

Pour mener à bien ce travail de correction partagée, plusieurs démarches sont nécessaires, dont la manipulation du clavier et de l’ENT. Il correspond à une mince fraction du projet, mais montre plusieurs leviers de motivation des élèves, notamment le sentiment de contrôle de la tâche : parce qu’il corrige les erreurs d’autres élèves, et parce qu’il est derrière son ordinateur, l’élève n’expose pas publiquement des difficultés personnelles dans la maitrise de la langue, mais au contraire renforce un sentiment d’efficacité personnelle. Il peut choisir son exercice, son outil, et le professeur, depuis son poste peut accéder au document collaboratif pour lui indiquer des erreurs restantes, ou formuler des remarques. La séance de correction du texte s’est déroulée dans une ambiance détendue malgré les réticences initiales.

ANNEXES : un petit extrait ?