Enseigner

« Le mot plastikos est d’abord une catégorie relative à la matière et à son rapport à la forme. Elle désigne ce qui est propre à être modelé, la matière malléable, et sa puissance de formation (au sens où la formation est l’action de la forme). 

Dominique CHATEAU, Arts plastiques, archéologie d’une notion. Éditions Jacqueline Chambon, 1999.

La plasticité de la pratique questionne le geste artistique et fonde l’expérience nécessaire à la construction des apprentissages. Pour que l’élève apprenne, il doit éprouver. Le geste faire et le geste dire le faire construisent une articulation étroite entre pratique et culture artistique, une construction du vocabulaire spécifique, une appropriation du champ notionnel et une compréhension des enjeux artistiques en jeu dans leur pratique et dans le monde de l’art. 

La pratique artistique et l’analyse réflexive sont en effet paradigmatiques de l’enseignement des arts plastiques.  « L’art comme expérience » (John DEWEY, L’art comme expérience, Éditions Gallimard, 2010) invite les élèves à créer, inventer et rêver.

« C’est dans la rêverie que nous sommes des hommes libres. » 

Gaston BACHELARD, La poétique de la rêverie, 1960.

L’ancrage des apprentissages par la pratique et l’expérience sensible de la création permettent aux élèves de se former à l’art et de devenir des citoyens autonomes et responsables. 

En effet, faire l’expérience de l’œuvre développe les valeurs citoyennes d’une éducation au sensible par le sensible, d’une ouverture du regard pour dire et expliciter (Pierre VERMERSCH, L’entretien d’explicitation, ESF éditeur, 2011) les émotions et les ressentis permettant le développement d’un esprit critique.

La pratique artistique permet à l’élève de faire œuvre et le conduit à « s’interroger sur ce qu’il a effectué, à le situer et à construire sa culture artistique tout au long d’un parcours […].»

« Ce qui est important, c’est ce que les élèves ont appris à travers ce qu’ils ont fait, c’est le travail critique et théorique. »

[Gilbert PÉLISSIER, « Apprendre à travers ce que l’on fait », in L’artistique : arts plastiques, art et enseignement, Actes du colloque de Saint-Denis, CRDP Éditions, 1997.

L’ancrage des apprentissages par la pratique et l’expérience sensible de la création permettent aux élèves de se former à l’art et de devenir des citoyens autonomes et responsables. 

« les choses qu’il faut avoir apprises pour les faire, c’est en faisant que nous les apprenons. » 

ARISTOTE, Éthique à Nicomaque, Livre II, chapitre 1, 1103a.

En effet, faire l’expérience de l’œuvre développe les valeurs citoyennes d’une éducation au sensible par le sensible, d’une ouverture du regard pour dire et expliciter les émotions et les ressentis permettant le développement d’un esprit critique.

Une attention toute particulière sera portée à la sculpture afin de réengager les élèves dans une expérience sensible de la matière, du volume et de sa matérialité. 

« « Quand on plonge la main pour extraire de la terre, il se crée un vide là où la main est passée : la terre se mélange, la sculpture prend forme. Le vide de la chair devient terre. » Giuseppe Penone cité par Germano Celant, 1989. » 

Georges DIDI-HUBERMAN, Être crâne. Lieu, contact, pensée, sculpture, Les Éditions de Minuit, 2014.

L’évaluation croise le visible (le projet, la production ou la réalisation) avec le dicible (la réflexivité du processus de création). Elle permet à l’élève d’expliciter[2] sa démarche en mettant en relations les traces, les observables et les verbalisations. 

« Apprendre, c’est toujours prendre le risque de se tromper. […] Il arrive même, dans cette perspective, que ce qu’on appelle erreur ne soit qu’apparence et cache en réalité un progrès en cours d’obtention. »

Jean-Pierre ASTOLFI, L’erreur, un outil pour enseigner, ESF Éditions,1992.

Par les différentes formes d’évaluation mobilisables : auto-évaluation, co-évaluation, évaluation collective ; l’élève peut ainsi comprendre les enjeux et la pluralité des démarches engagées. 

Il importe de proposer une évaluation formative et positive, accompagnant et structurant l’élève dans la construction des compétences. 

« Créer suppose la réunion de deux sortes de savoir : commencer et continuer. » 

Michel GUÉRIN, Expérience et intuition, 2020.

La création apparaît comme une forme d’existence et d’être au monde, une poétique de la création. L’enseignement des arts plastiques construit et donne forme aux idées singulières et originales dans le processus de réalisation et de fabrication.  Enseigner les arts plastiques permet à l’élève de faire œuvre et de faire l’expérience de l’œuvre. En créant, en donnant forme à son idée, il appréhende le monde. Il mobilise une capacité à créer, et ainsi, donner du sens à une recherche qui est un principe de sérendipité et qui invite l’élève à découvrir dans ses productions ce qui était là sans le savoir, à en prendre conscience, à réfléchir le geste d’apparition et d’émergence. Dans la recherche, l’expérimentation, l’observation, la découverte, l’élève appréhende pour comprendre et apprendre.