Coopération entre élèves :
Mettre en place et organiser
un groupe coopératif
Réflexions et compte-rendu d’expériences réalisées dans le cadre des Traam Documentation 2016-2017
par Ludovic Gavignet (académie de Nancy-Metz)
Ce document est une synthèse des points de convergence de 3 projets de coopération entre élèves menés en parallèle par : Anne Bresard (Collège Grande Bastide de Marseille) ; Ludovic Gavignet (Collège Jules Verne de Vittel) ; Fabien Guidt (Lycée Pardailhan d’Auch). Ces projets ont été intégrés à un travail d’Education aux Médias et à l’Information.
Vous pouvez voir chacun de ces projets dans le tableau de synthèse disponible en annexe.
1) Pourquoi mettre en place un groupe coopératif ?
La coopération est un mode d’organisation qui permet aux élèves de travailler ensemble dans un but de production collective. Cette coopération prend place dans le cadre d’un projet.
Mettre en place un groupe coopératif présente plusieurs objectifs pour l’élève :
– Apprendre à s’organiser dans un projet et à interagir avec ses camarades ;
– Créer une dynamique de groupe enrichissante (entraide, complémentarité, enrichissement, dépassement de soi, etc.) ;
– Les motiver et favoriser leur créativité ;
– Les responsabiliser et les impliquer davantage ;
– Inclure chaque élève, quel que soit son niveau, dans un projet collectif ;
– Les valoriser, y compris les plus faibles, grâce à une production commune qui ne les discrimine pas ;
– Favoriser leur autonomie et leur esprit d’initiative.
Le travail coopératif permet d’acquérir outre les connaissances et compétences disciplinaires ou interdisciplinaires, des compétences sociales et des attitudes citoyennes. Grâce à cette coopération organisée sous l’œil bienveillant du ou des enseignants, les élèves gagnent en autonomie, prennent confiance en eux, développent un véritable d’esprit d’équipe. Les élèves s’enrichissent également des réflexions collectives et sont incités à développer davantage leur créativité.
Le travail coopératif peut être très utile dans tous les travaux de groupes des élèves, qu’il s’agisse de travaux disciplinaires, interdisciplinaires, transdisciplinaires ou encore dans le cadre de projets collectifs menés par exemple dans les CVC/CVL, FSE/Maison des Lycéens, etc.
2) Comment mettre en place un groupe coopératif ?
La mise en place d’un groupe coopératif implique un projet. Dans notre cas, ce sont des projets qui auront duré toute l’année scolaire, dans le cadre de l’Education aux Médias et à l’Information.
La mise en place d’un groupe coopératif nécessite de bien connaître le groupe pour donner des responsabilités appropriées au profil de chaque élève. Même s’il faut dépasser la « zone de confort » de chaque élève afin de favoriser leur ouverture à d’autres connaissances, compétences et attitudes, se baser sur leurs compétences et atouts particuliers initiaux permet de les impliquer, de les motiver et de les valoriser davantage.
Créer un groupe coopératif nécessite de bien connaître les différentes étapes de son projet pour déterminer les
objectifs à atteindre et les échéances à respecter par les élèves.
Il faut également définir les rôles que chaque élève aura à jouer. Ces rôles ne sont pas figés et peuvent évoluer voire changer au cours du projet. Ainsi, chaque élève ou chaque groupe se verra définir des objectifs spécifiques, ce qui permet de mettre en place une véritable pédagogie différenciée, avec des objectifs adaptés à chaque élève. De plus, plusieurs élèves peuvent avoir le même rôle à jouer et certains peuvent se voir octroyer plusieurs rôles.
2.1) Définir des responsables :
Afin de responsabiliser les élèves, il peut être utile de définir des responsabilités spécifiques à tel ou tel élève.
Créer un système de micro-entreprise peut être une solution : on organise des services dont un ou plusieurs élèves sont responsables. Une hiérarchie peut être mise en place afin d’apprendre à l’élève à respecter les rôles de chacun dans un souci de production commune efficace et riche.
De manière moins ambitieuse, créer des pôles de travail qui peuvent fluctuer et évoluer, peut être une solution à envisager.
A minima, il faut responsabiliser chaque élève en lui donnant des objectifs clairs à atteindre.
2.2) Définir un calendrier, les objectifs et la finalité :
Le calendrier permet aux élèves de bien connaître les échéances. Ils s’obligent ainsi à respecter les délais impartis. La définition du calendrier peut être du fait de l’enseignant ou réalisé par les élèves dans le cadre de la réalisation d’un cahier des charges par exemple.
Dans tous les cas, les objectifs spécifiques de chaque élève et/ou ceux du groupe doivent être clairement compris et les échéances respectées par chacun d’entre eux.
De même, chaque élève doit être au clair sur le travail final à produire (finalité) ainsi que sur les travaux intermédiaires (objectifs intermédiaires) à réaliser selon un temps imparti.
2.3) Prévenir les éventuels problèmes et les résoudre :
L’avantage du travail coopératif est qu’il permet de définir clairement les objectifs de chaque élève, de chaque groupe voire de chaque « service ». Chaque élève se situe donc clairement dans le projet et sait identifier rapidement ses éventuelles difficultés. Il doit parvenir à résoudre cette situation-problème par lui-même en identifiant des solutions pertinentes pour les résoudre, dont fait partie l’entraide par ses pairs, élément essentiel du travail coopératif.
2.4) Le nouveau rôle de l’enseignant : guider l’élève :
Dans un travail coopératif, les premières séances consistent à expliquer le projet, à présenter les outils et à faciliter la prise en main de cette nouvelle méthode de travail par les élèves.
Petit à petit, l’enseignant laisse place à l’autonomie de l’élève. Ils en viennent à s’entraider pour réaliser le projet commun et atteindre les objectifs et la finalité fixés. Ainsi, l’enseignant devient un accompagnateur des élèves qui sera sollicité en dernier recours par l’élève. Toutefois, il devra veiller au bon déroulement du projet et à réorienter le travail du groupe le cas échéant.
3) Des outils numériques facilitateurs :
Pour faciliter la gestion du projet ainsi que son suivi, des outils numériques existent.
3.1) Trello
Pour notre part, nous avons exploité l’outil de gestion et de planification des tâches Trello. La version gratuite de cet outil suffit amplement :
– On peut définir des groupes de travail ou équipes, représentés par une couleur ;
– On peut définir et suivre les tâches à effectuer par chaque groupe ;
– On peut avoir une vision globale du travail à réaliser, en cours de réalisation, déjà réalisé.
Grâce à cet outil, relativement simple à prendre en main pour ses fonctions de base, on peut cibler les groupes en difficulté pour leur prodiguer l’aide nécessaire, ainsi que les groupes les plus avancés pour leur donner des tâches complémentaires.
On a également une vision globale du travail réalisé par chaque groupe sur toute une période.
3.2) Groupes de travail / Espaces collaboratifs
L’inconvénient de l’outil Trello réside dans le fait que seul l’enseignant peut créer un compte (sinon cela obligerait les élèves à le faire, ce qui pose des problèmes de respect de la vie privée). C’est pourquoi les outils proposés par les ENT sont très pratiques :
– Les groupes de travail permettent aux élèves de centraliser leurs travaux, d’échanger des fichiers, de communiquer via les forums, etc. L’enseignant peut aussi suivre le travail des élèves
– La messagerie : pour que les élèves puissent communiquer entre eux individuellement ou à plusieurs, la messagerie interne de l’ENT peut être très pratique
Outre l’ENT, d’autres outils de travail collaboratif peuvent être utilisés, comme Google Drive.
4) Les limites :
Le travail coopératif induit un travail important de la part de l’enseignant ; en plus de la pédagogie traditionnelle, l’enseignant devient manager : il doit gérer des groupes et une équipe, planifier les tâches.
Il doit en outre veiller à ce que chaque élève fournisse un travail convenable, ce qui pourrait sinon impacter le travail de tout le groupe. Il est également difficile de bien organiser l’interaction entre les groupes. En outre, le travail coopératif peut créer des tensions entre élèves qui sont obligés de se confronter les uns aux autres ; il convient donc de prévenir et de savoir gérer ces problèmes … ainsi que d’apprendre aux élèves à le faire !